Vignette 1La Société des Professeurs de Philosophie a été reçue en audience au ministère de l’éducation nationale le 6 juillet 2020 par Madame Souâd AYADA, Présidente du Conseil Supérieur des Programmes. Cette audience aura été l’occasion d’un bilan de la mise en œuvre des nouveaux programmes et d’un échange sur les perspectives pour l’année scolaire 2020/2021. Jean-Marie FREY a exposé l’analyse de la SO.P.PHI.

1)  Les programmes :

– La Société des Professeurs de Philosophie se satisfait du programme de la spécialité HLP (Humanités, Littérature et Philosophie) puisque ce programme est constitué de thèmes et non de notions. Ce point est essentiel. Il garantit le caractère initial de l’enseignement de la philosophie en terminale. Un thème, évidemment, n’exclut pas la réflexion. Toutefois, il reste un objet appelant un exposé de connaissances pouvant être commun à la littérature et à la philosophie. Une notion, en revanche, détermine un champ de problèmes spécifiques qui demandent à être posés et instruits. Un programme de philosophie cultivant le jugement critique ne peut être qu’un programme de notions. La SO.P.PHI considère décisive la formation des professeurs sur cette dimension de l’enseignement de la philosophie dans les lycées de la République.

La SO.P.PHI déplore le couplage exclusif philosophie/lettres au détriment d'un couplage philosophie/disciplines scientifiques. Cependant, ce qui importe, c'est que soient bien distingués le programme de la spécialité et le programme de philosophie. À cet égard, les thèmes retenus en HLP sont satisfaisants.

– Les notions qui constituent le programme de philosophie conviennent très bien. D’abord, elles sont élémentaires et en nombre limité. Ensuite, le programme de philosophie de la voie technologique constitue la base du programme de la voie générale. Il n’y a donc pas de différence de nature entre ces programmes. Le nombre de notions est plus important dans la voie générale du seul fait d’un volume horaire différent. Enfin, dans la voie générale et dans la voie technologique, les notions doivent être étudiées « dans les relations essentielles qu'elles entretiennent entre elles », ce qui constitue une détermination non arbitraire du travail qui doit être accompli avec les élèves.

La SO.P.PHI regrette que la généralisation du dédoublement dans la voie technologique ne soit pas à l’ordre du jour. Un tel aménagement serait pourtant un bon moyen de lutter contre l'inégalité. Que soit reconnue la spécificité de la philosophie, matière d'examen qui n'est enseignée qu'en terminale, ce n'est pas lui accorder un privilège au détriment des autres disciplines. C'est seulement reconnaître que l'enseignement de la philosophie au lycée revêt un caractère d'élémentarité qui permet aux plus défavorisés d'accéder à une culture véritable.

2) Les épreuves d’examen :

Les épreuves de la spécialité HLP en première et en terminale, c’est-à-dire la « question de réflexion » ou « essai », ne donnent pas lieu à une dissertation, mais à « une argumentation claire et ordonnée ». On évite donc toute confusion avec l’épreuve de philosophie qui, précisément, reste une dissertation ou une explication de texte philosophique ne se résumant pas à une quelconque argumentation. Ce point est positif.

La SO.P.PHI considère que deux questions sur deux heures, cela constitue une vraie difficulté pour les élèves. Pourquoi pas une « question d’interprétation » et une « question de réflexion » laissées au choix des élèves ? Au reste, la SO.P.PHI est attachée à une évaluation nationale en ce qui concerne le baccalauréat. Elle n'est donc pas favorable au contrôle continu dont l’organisation est compliquée et qui ne garantit pas l'anonymat des candidats.

Les épreuves de philosophie, pour la voie générale, sont en phase avec un authentique enseignement de la philosophie. La dissertation et l’explication de texte qui étudient méthodiquement et progressivement un problème, sont bien les exercices qui permettent une culture véritable du jugement critique.

En ce qui concerne la voie technologique, la SO.P.PHI est satisfaite du maintien de la dissertation et de l’abandon du sujet-composition qui était proposé dans la série STHR. Ce sujet était bien trop compliqué pour les lycéens. Elle s’inquiète toutefois du sujet-texte, qui semble également très compliqué pour les élèves, et qui sera introduit à partir de la session 2021 du baccalauréat. Elle considère que l’épreuve, dans la voie technologique, doit être améliorée afin de prendre en considération les difficultés rencontrées par les lycéens, mais que cela ne peut se faire sans une consultation des professeurs.

En tous les cas, et c’est là un point essentiel, il faudra que les commissions chargées d’élaborer les sujets d’examen pour la voie générale et pour la voie technologique, soient attentives à choisir des questions simples, et des textes courts favorisant la compréhension d’un problème par tous les élèves.