Vignette 1Étaient présents : pour l’Inspection Générale : Madame le Doyen, Souâd AYADA, Madame l’inspectrice générale, Brigitte SITBON et Monsieur l’inspecteur général, Frank BURBAGE ; pour la SO.P.PHI : Monsieur Jean-Marie FREY, Président

 Je remercie Madame le Doyen, Souâd AYADA, et l’ensemble du groupe de philosophie d’avoir accordé cette audience à la Société des Professeurs de Philosophie, audience ayant pour objet principal la réforme de l’épreuve du baccalauréat dans la série des sciences et technologies de l'hôtellerie et de la restauration, puisque, depuis sa création, la SO.P.PHI est attachée à l’existence d’un authentique enseignement de la philosophie dans la voie technologique. Madame AYADA me demande de présenter notre association, et, notamment, son origine, son bureau, ses engagements passés, ses relations avec les autres associations. Elle me demande ensuite quelle est notre approche des difficultés indéniables que les professeurs de philosophie et leurs élèves rencontrent dans cette voie. Je réponds que les professeurs adhérents à la SO.P.PHI sont très conscients de ces difficultés, mais qu’à leurs yeux il ne faut pas les ramener aux seules épreuves du baccalauréat. À cette occasion, j’indique que la SO.P.PHI s’est engagée à de nombreuses reprises pour que soit rétabli le dédoublement dans la voie technologique.

Au cours d’un échange très ouvert avec les membres du groupe de philosophie je présente alors l’analyse de la SO.P.PHI concernant la réforme de l’épreuve du baccalauréat dans la série STHR.

1) Trois exercices dans cette série, cela fera trois méthodes à enseigner alors que le volume horaire dans les classes concernées est précisément le plus faible.

2) La faisabilité des sujets 2 et 3 avec leur dispositif spécifique nous semble problématique lorsque l’on sait le travail que représente la « fabrication » des sujets d’examen que nous connaissons déjà. Madame le Doyen entend bien notre inquiétude et elle rappelle que ce qui n’arrange rien, c’est que le calendrier très contraint des travaux conduits au SIEC (les réunions de la commission d'élaboration des sujets, la convocation des professeurs d'essai, la pré-validation puis la validation des sujets par le Recteur) invite à la plus grande vigilance.

3) Comment guider la rédaction des élèves sans guider leur réflexion ? C’est ici le lien avec la nature même du programme (permettre l’accès de chaque élève à l’exercice réfléchi du jugement) qui nous semble difficile à comprendre. Ainsi, inviter les élèves à commencer par définir tous les termes de la question posée (sujet de « composition ») est-il judicieux ? Suggérer les repères ou les couples de repères « figurant au programme des séries technologiques » (sujets 2 et 3), cela mérite également réflexion. Si, selon les termes du programme, les repères doivent bien être mobilisés pour l’instruction des problèmes, on ne saurait les considérer comme un moyen de déterminer ce programme.

Sur ces points, Monsieur BURBAGE répond que la note de service de la DGESCO appelle une lecture raisonnable qui devrait pallier ces difficultés. J’exprime tout de même mon inquiétude en indiquant qu’en l’état de sa rédaction, cette note de service ne garantit aucunement qu’une telle lecture soit faite pas tous. Je demande ce que dit le rapport portant sur l'évaluation de l'expérimentation qui aurait été menée dans des classes terminales de septembre 2016 à janvier 2017. Monsieur BURBAGE précise qu’il n’y a pas eu de rapport mais seulement une expérimentation sur quatre académies. Il n’y a pas de document permettant à ce jour de prendre connaissance des résultats de cette expérimentation.

Je rappelle ce qui, pour la SOP.PHI, est la condition d’un authentique enseignement de la philosophie notamment dans la voie technologique : l’élémentaire qui n’est pas le rudimentaire, et qui doit orienter le travail du maître dans sa classe et des professeurs qui, en commission, élaborent les sujets d’examen. Madame le Doyen dit son accord avec cette exigence. Madame SITBON et Monsieur BURBAGE également.

Monsieur BURBAGE revient ensuite précisément sur les points qui ont été soulevés : la note de service de la DGESCO ne doit pas être comprise comme une volonté de changer l’esprit du programme ; chacun est conscient que cette note de service ne réglera pas les problèmes que rencontre notre enseignement dans la voie technologique, et un bilan sera fait après la première session. Madame le Doyen intervient pour demander que ce bilan ne porte pas seulement sur les notes obtenues par les élèves, mais également sur leurs copies et l’expérience des professeurs. Monsieur BURBAGE ajoute que cette note de service ne signifie pas un changement irréversible, que trois sujets, cela ne fera pas trois méthodes à enseigner si l’on comprend que la « composition » n’est pas d’une nature différente de la dissertation, que le terme de « composition » n’a été retenu que pour éviter de heurter ceux qui sont attachés à la dissertation entendue comme exercice « pur », que le dispositif qui accompagne le sujet 3 ne modifie pas les choses en profondeur, que nous n’avons pas encore parlé des auteurs, et que, précisément, ce dispositif invite à réfléchir sur un travail de lecture philosophique. Je dis alors que pour les adhérents de la SO.P.PHI le travail sur les notions et la lecture philosophique des textes sont indissociables, et que, notamment, l’étude suivie des œuvres dans la voie générale ne s’ajoute pas au travail sur les notions puisque cette étude n’est que l’accomplissement d’un travail sur les notions qui sont au programme.

J’indique que pour les membres de la SO.P.PHI il sera certainement peu compréhensible que l’on se soit engagé dans la réforme d’une épreuve du baccalauréat, si l’on admet en même temps que cette réforme ne réglera pas les problèmes qu’ils rencontrent. Mais je remercie Monsieur BURBAGE pour les précisions qu’il vient d’apporter. J’ajoute que, pour la SO.P.PHI, un oral ne saurait être substitué à l’écrit dans la voie technologique. D’abord, elle est consciente de l’impossibilité budgétaire d’un tel changement. Ensuite, elle considère que c’est du côté de l’élémentarité de l’épreuve écrite qu’il faut regarder. Or la « composition » et l'aménagement de la question 3 sur le texte dans la voie STHR nous semblent moins élémentaires qu’une question bien posée. Le Doyen, Souâd AYADA, souscrit complètement à la réflexion de la SO.P.PHI et elle estime qu'il est urgent de formuler des sujets élémentaires à l'examen du baccalauréat technologique. Monsieur BURBAGE considère que cette exigence, légitime, peut être satisfaite par une formulation bien ajustée des questions.

Nous en venons à l’évolution prévisible du baccalauréat. Selon les termes de nos programmes, l’enseignement de la philosophie est sanctionné par un examen national. Évidemment, la SO.P.PHI est attachée au maintien de cet examen pour toutes les séries sans exception. Tous les membres du groupe de philosophie m’assurent de leur attachement à ce point. Madame le Doyen précise qu’à ce jour rien n’est fait.

Nous échangeons alors sur la place de la philosophie au lycée. D’abord, nous abordons la question de la crise de la voie littéraire. À l’occasion d’une question de Madame le Doyen, je dis l’accord de la SO.P.PHI sur l’analyse du groupe de philosophie concernant la gravité de cette crise. J’ajoute qu’à ses yeux, les modifications qui ont été instituées, comme, par exemple, l’introduction d’un enseignement de spécialité intitulé « Droits et grands enjeux du monde contemporain », ne la résoudront pas. Ensuite, je rappelle que la SO.P.PHI a soutenu le texte de 2011 qui organise une présence de la philosophie avant la classe terminale (circulaire n° 2011-023 du 21-2-2011). En effet, elle a toujours considéré que ce texte ne dénature en rien notre métier puisqu’il rend possible une préparation et non une initiation à la philosophie qui est le travail effectué en classes terminales. Madame AYADA me demande quelle est notre position relativement à la question de l’engagement des professeurs de philosophie dans le cadre de l’EMC. Je réponds qu’il nous semble beaucoup plus judicieux de mettre en œuvre ce que permet la circulaire de 2011. Madame le Doyen regrette que ce texte ne soit pas ou trop peu mis en œuvre par les professeurs. Je dis le total accord de la SO.P.PHI avec cette position.

J’exprime enfin notre désapprobation à l’égard de la disparition du CAPES interne pour la prochaine session. Cette décision tardive (le programme du concours est connu depuis des mois), et indépendamment de la question de la résorption de la précarité des contractuels, est de nature à décourager tous ceux qui, en se préparant au concours, se forment au bénéfice des élèves. Je donne copie de la lettre au Ministre du 25 septembre que la SO.P.PHI a signée avec les autres associations et de nombreux syndicats. Madame SITBON se dit intéressée par cette initiative. Je précise que le maintien des postes au CAER nous surprend. Madame le Doyen me répond que le groupe de philosophie n’a pas été consulté sur cette question, qu’il partage notre sentiment, et que la distorsion entre le public et le privé dans cette affaire résulte du fait que le CAER n’est tout simplement pas sur la même ligne budgétaire que le CAPES.

Enfin, à l’occasion d’une question de Monsieur BURBAGE, je reviens sur nos relations avec les autres associations. J’indique que la SO.P.PHI est une société de professeurs qui sont attachés au respect de l’Institution, qu’elle est toujours disposée à mener des actions interassociatives dans l’intérêt de l’enseignement de la philosophie dans les lycées, mais qu’elle ne participe aucunement aux diverses activités organisées par les autres associations.

Au terme des deux heures d’échange qui ont animé cette audience, je remercie vivement Madame le Doyen, Souâd AYADA, Madame l’inspectrice générale, Brigitte SITBON et Monsieur l’inspecteur général, Franck BURBAGE pour l’attention qu’ils ont accordée aux questions que se posent les membres de la Société des Professeurs de Philosophie.