Vignette 1Un sujet de dissertation proposé aux élèves de la série littéraire lors de la session de juin 2019, offre l'occasion de mettre en évidence, à partir de ce cas particulier, la nature de l'élémentaire qui doit présider à l’enseignement de la philosophie au lycée, et au choix des sujets pour le baccalauréat.

« À quoi bon expliquer une œuvre d'art ? », un tel énoncé peut faire l'objet d'une thèse intéressante, mais certainement pas d'une dissertation en terminale. Pourquoi ? Précisément parce qu'il n'est pas élémentaire, au sens le plus précis du terme. Un tel sujet, en effet, ne pose pas un et un seul problème philosophique, comme doit le faire toute dissertation scolaire en temps limité, mais en superpose plusieurs. Avant de se demander « à quoi bon », autrement dit « pourquoi » ou « pour quelle raison expliquer une œuvre d'art ? », il faudrait d'abord savoir s'il est seulement possible d'expliquer ou non une œuvre de cette nature. Le sujet n'est donc pas élémentaire. Il ne pose pas un et un seul problème précisément déterminé. En présupposant un problème élémentaire, soit il rend impossible en temps limité son traitement véritable, soit il préjuge le problème élémentaire résolu, ce qui est une attitude dogmatique contraire à ce qu'exige la réflexion philosophique, soucieuse de la liberté de penser et de l'autonomie du jugement personnel.

Il y a là un excellent exemple de ce que signifie vraiment, simplement et clairement, l'élémentaire qu'exige un enseignement initial de la philosophie au lycée : c’est bien ce qui porte à chaque fois sur l'élément premier de toute pensée, qu'il s'agisse du sens d'une notion ou d'un problème qui lui est lié, d'où son lien au simple (en distinction du composé, et non du facile, avec lequel le simple est couramment confondu).

La SO.P.PHI demande au Ministère de l’éducation nationale que les sujets d’examen (la dissertation et l’explication de texte), soient toujours élémentaires. Que ses propositions soient retenues, et les sujets de dissertation, dans la voie générale et dans la voie technologique, seront exclusivement des questions simples permettant de poser et de traiter un problème sous la forme d’une confrontation entre deux positions, deux thèses, opposées. L’énoncé « À quoi bon expliquer une œuvre d’art ? » serait alors remplacé par une question élémentaire, et donc propre à favoriser la réussite de tous les élèves : « Peut-on expliquer une œuvre d’art ? ». Où l’on comprend l’importance pédagogique du principe d’élémentarité pour l’enseignement de la philosophie dans l’École de la République !

Jean-Marie FREY (président de la SO.P.PHI)

L’épreuve de philosophie : les propositions de la SO.P.PHI
L’épreuve de philosophie : les propositions de la SO.P.PHI (2)