PlatonEn philosophie, la différence entre une simple question et un véritable problème est essentielle. Un sujet-question est d'abord l'indice d'un problème, et c'est pourquoi il faudra toute une instruction avant de pouvoir tenter d'y répondre. À l’évidence, le problème implique des opérations réflexives qui permettront de procéder à son examen en vue de son éclairage.‌

Ce que l’enseignement de la philosophie exige, conformément aux programmes des classes terminales, c’est de lier le problème à l'étude d'une notion, ou d'une relation entre notions. La notion est en et par soi, problématique. À la question « Qu'est-ce que? », question socratique par excellence et par essence, il n'y a pas d'emblée une seule réponse possible. C'est donc d'abord le caractère problématique de la notion elle-même, ou de la relation entre notions interrogée par le sujet, qu'il faut mettre en évidence, en montrant qu'elle implique l'examen d'au moins deux réponses possibles à la question posée.

Ensuite, cet examen doit procéder à une instruction argumentée et contradictoire, donc dialectique (au sens aristotélicien du terme) des thèses ou hypothèses en présence. Cette instruction réflexive doit aussi pouvoir éclairer le problème posé : elle doit alors se cultiver. Une telle culture de la réflexion fait appel à l’examen de pensées et de textes philosophiques qui offrent à l'élève la possibilité d'un approfondissement du problème posé, et des thèses ou hypothèses argumentées que les philosophes ont pu produire à son sujet. Deux obstacles à surmonter, ici : exposer sans réflexion des « connaissances » qui ne sont en réalité que des souvenirs ou faire référence à des philosophes sans rapport réel et précis avec le problème examiné.

Dernier temps : le moment du jugement, qui conclut l'instruction du problème en en tirant les leçons. Il s’agit alors de présenter le résultat auquel cette instruction contradictoire et argumentée du problème nous conduit, soit la proposition de réponse qui parait désormais la mieux fondée à la question soulevée par le sujet.

Ces trois temps, on l’aura reconnu, correspondent respectivement à l’introduction, au développement et à la conclusion de la dissertation. En procédant ainsi, les élèves s’engagent dans une réflexion qui est une activité libre de la pensée et du jugement. Ils se gardent d’une restitution mécanique et passive d'opinions qui, toutes prétendument « savantes » qu'elles soient, n'en demeureront que de simples opinions.