Platon_Aristote.jpgI) La proposition de programmes concernant la voie générale et la voie technologique qui nous a été présentée lors de l’audience du 20 mars au CSP convient à la SO.P.PHI sur des points qui sont essentiels à ses yeux :

- La réaffirmation de la responsabilité pédagogique du professeur de philosophie, qui est l’auteur de son cours. Ainsi est écartée toute philosophie officielle qui entraverait la liberté intellectuelle des élèves dans l’école de la République.

- La reconnaissance qu’un programme de philosophie ne peut-être qu’un programme de notions avec une liste d’auteurs. Ce point confirme la distinction du programme de philosophie d’avec le programme de la spécialité HLP, et conforte ainsi la place de notre enseignement en terminale comme introduction à la philosophie ouverte à tous les élèves, y compris les plus fragiles et sans distinction liée au choix de spécialité.

- Les notions retenues sont dans l’ensemble justifiées. Il n’est cependant pas certain que « l’idée de Dieu » possède un caractère de simplicité qui soit de nature à permettre d’envisager des sujets d’examen suffisamment élémentaires pour nos élèves. En tous les cas, il convient de ne pas se perdre dans ces questions. La SO.P.PHI ne s’engage pas dans la voie d’un refus de la liste proposée par le Groupe.

II) La SO.P.PHI considère toutefois qu’un point essentiel pourrait soulever une vraie difficulté : celui de la présence et du statut des « perspectives » proposées pour regrouper les notions. À ses yeux, une liste de notions, sans leur regroupement par « notions domaines » comme dans les programmes actuels, mais également sans les « perspectives » qui sont envisagées dans le futur programme, permettrait de simplifier la compréhension du programme de philosophie par tous, et d’abord par les élèves.

Si ces « perspectives » devaient être maintenues, la SO.P.PHI demande que leur statut soit précisé sans ambiguïté dans le programme. Ce point est essentiel.

D’abord, une association exclusive des notions avec les « perspectives » retenues ne pourrait qu’induire une philosophie et en exclure bien d’autres. On pourrait multiplier les exemples qui montreraient la dimension toujours arbitraire de tout regroupement des notions. Ne peut-on pas, par exemple, aborder l'examen philosophique de la liberté par la perspective « métaphysique » plutôt que « morale et politique » ?

Ensuite, une association exclusive des notions avec les « perspectives » retenues brouillerait l’unité organique du programme. L’essentiel est que, dans tous les cas, la progression de l'examen de telle notion éclaire les liens de dépendance et d'association qu'elle entretient avec les autres notions. Le souci de l’unité du programme vient en effet corriger l’abstraction inhérente à toute liste de notions, en rétablissant leur solidarité profonde, telle qu’elle se vérifie dans l’expérience concrète, à laquelle chaque élève peut se référer.

Enfin, une association exclusive des notions avec les « perspectives » retenues conduirait à poser un problème pour les commissions chargées d’élaborer les sujets d’examen. Quel est l’auteur qui a tenu compte d’une telle exclusivité au moment de la rédaction de ses ouvrages ?

En réalité, lors de l’audition du 20 mars, les copilotes du Groupe d’experts ont écarté ces difficultés en indiquant qu’ils souhaitaient que les « perspectives » soient « des priorités et non des exclusivités ». La SO.P.PHI est en phase avec cette formulation. On pourrait, par exemple, écrire dans le programme :

« Les notions ne constituent pas nécessairement, dans l’économie du cours élaboré par le professeur, des têtes de chapitre. L’ordre dans lequel les notions sont abordées et leur articulation avec l’étude suivie de l’œuvre relèvent de la liberté philosophique et de la responsabilité du professeur, pourvu que toutes soient examinées. Le professeur mettra en évidence la complémentarité des traitements dont une même notion aura pu être l’objet dans des moments distincts de son enseignement. Les perspectives visent uniquement à définir une priorité, et non une exclusivité, dans l’ordre des problèmes que les notions permettent de formuler. »

III) La SO.P.PHI considère que certains éléments qui ont été présentés devraient être ajustés :

- Dans les programmes actuels, on trouve des auteurs dont les écrits, indépendamment de leur valeur et de l’utilisation féconde que le professeur en fait dans son cours, ne permettent pas de choisir une œuvre pouvant faire l’objet d’une étude suivie, ni non plus d’envisager un texte court pouvant être donné comme sujet d’examen le jour de l’épreuve du baccalauréat. Pourquoi alors ne pas réduire la liste des auteurs selon ce critère pédagogique plutôt que de l’élargir ?

- Si la liste des repères est maintenue, et augmentée, il conviendrait que le programme précise que ces repères sont seulement des exemples de distinctions conceptuelles ou lexicales, qu’il pourrait y en avoir bien d’autres, et qu’il s’agit avant tout pour l’élève d’apprendre à établir lui-même des distinctions de cette nature sans lesquelles on ne peut pas poser ni instruire un problème philosophique.

En résumé : la SO.P.PHI regarde favorablement le projet de programme qui a été présenté au CSP le 20 mars 2019. Désormais, il est essentiel que soit vraiment clarifié, s’il doit être maintenu, le statut des « perspectives » qui seraient introduites.