La consultation sur les programmes de philosophie : une contribution de la SO.P.PHI (suite)
Par SO.P.PHI le jeudi, juin 13 2019, 17:29 - Philosophie, lycée, réforme - Lien permanent
La Société des Professeurs de Philosophie soutient le projet de programmes du CSP parce qu'il garantit la place d’un authentique enseignement de la philosophie dans l’École de la République. Ce projet envisage des programmes de notions qui sont propres à favoriser la réussite de tous les élèves sans oublier les plus fragiles. Ces notions sont en effet des notions communes et partagées. Elles possèdent un caractère d’élémentarité sans lequel l’égalité entre les élèves n’est qu’une revendication abstraite.
Il faut remarquer que la présentation des notions selon un ordre alphabétique respecte deux exigences : puisqu’il s’agit de notions communes telles que le bonheur, la liberté, la nature, la vérité, etc., la lecture de la liste est immédiatement compréhensible par tout citoyen qui consulterait les programmes ; puisqu’il s’agit d’un ordre alphabétique, toute détermination arbitraire est évitée, ce qui est en phase avec l’esprit de liberté qui prévaut lorsque les élèves examinent des notions qui se recoupent nécessairement.
La seule détermination qui soit indiscutable, pour un programme de philosophie, résulte de l’élémentarité comme trait caractéristique des notions, de leur examen dans la classe, et des sujets d’examen. Logiquement, le projet de programmes du CSP ne peut plus à ce jour être modifié sur ce point ! Si une évolution est encore envisageable à quelques semaines de la publication des textes, en tous les cas, elle ne peut consister en un ajout d’un quelconque tableau contraignant ou de perspectives regroupant les notions, etc. Une éventuelle évolution ne peut consister qu’en une réduction supplémentaire du nombre des notions pour la voie générale, en prenant pour base la liste des notions retenues dans la voie technologique. Une telle réduction conviendrait en effet à la grande majorité des professeurs, et elle éviterait d’altérer en profondeur la qualité de la réforme engagée.
La SO.P.PHI appelle ses adhérents à se prononcer à l'occasion de la consultation qui est à l'ordre du jour.
Liens utiles :
La consultation
Le projet de programme de philosophie pour la voie générale
Le projet de programme de philosophie pour la voie technologique
Les programmes de philosophie au lycée
L'analyse et les propositions de la SO.P.PHI
Commentaires
Ces projets de programmes reconduisent judicieusement le cadre général de l’enseignement de la philosophie, lequel se définit, dans son articulation essentielle à la pratique de la dissertation, comme l’étude de notions et d’auteurs. Ils réaffirment que « la dissertation et l’explication de texte sont les deux formes de l’épreuve écrite du baccalauréat ». En effet, je sais d’expérience que les élèves ne progressent réellement dans l’apprentissage de la philosophie qu’en étant très régulièrement exercés à la dissertation. C’est par cet exercice fondateur que l’élève apprend concrètement à produire une réflexion organisée et nourrie de connaissances mobilisées avec discernement. La leçon de philosophie se construit ainsi nécessairement sur le modèle de la dissertation : elle suit une démarche analytique et critique où la réflexion s’élabore et se développe à travers la discussion argumentée d’un problème.
Dans ce cadre, on remarque que c’est bien la position des problèmes qui commande l’étude des notions, alors nécessairement envisagées dans leurs interconnexions et dans leurs délimitations respectives : les notions, avec les distinctions conceptuelles qui en précisent l’examen (« les repères »), sont autant de directions dans lesquelles la recherche et la réflexion sont invitées à s’engager. A cet égard, il me semble que les projets de programmes garantissent la liberté pédagogique du professeur en tant que liberté philosophique, puisqu’ils font appel à son initiative pour déterminer l’ordre dans lequel celui-ci juge pertinent d’organiser l’examen des notions. Cela permet de faire droit à différentes approches philosophiques.
Ces projets de programmes ont en outre le mérite de rappeler l’importance de l’explication de texte et de l’étude suivie d’œuvres. Mon expérience m’a montré que l’apprentissage de la philosophie en terminale ne pouvait être réellement efficace sans l’étude méthodique et régulière des textes et des œuvres systématiquement rapportée à l’examen des notions et à l’élucidation des problèmes. Aujourd’hui, l’extension de la liste des auteurs signifie la reconnaissance dans les programmes de la diversité des expressions et des modes de pensée philosophiques en leur horizon mondial. Elle donne une plus grande latitude au professeur pour opérer le choix des œuvres selon les nécessités de l’organisation de son cours.
Surtout, dans le souci de garantir pour l’avenir un enseignement philosophique initial universel, ces projets de programmes évitent avec prudence de donner lieu à une compartimentation des contenus de cours par domaines de spécialisation qui risquerait de conduire à n’envisager la philosophie au lycée qu’à travers une offre de modules thématiques à caractère optionnel, voire facultatif. Une telle dérive s’inscrirait en contradiction avec la destination universelle d’un enseignement qui doit bénéficier également à tous les élèves des classes terminales générales et technologiques, en vertu des mêmes principes et fins.
Membre de la SO.P.PHI