Vignette 3Au terme de l’année scolaire qui s’achève, et après le fiasco de la correction de l’épreuve de philosophie, un bilan de la réforme du baccalauréat doit être effectué. La Société des Professeurs de Philosophie considère que cette réforme a été menée au détriment de la culture à laquelle les lycéens ont droit dans l’École de la République.

1– La spécialité « Humanité, littérature et philosophie » n’est pas en phase avec le travail authentiquement philosophique qui doit être accompli au lycée. D’ailleurs, cet enseignement para-philosophique entretient chez les élèves le préjugé selon lequel la philosophie serait plus en phase avec les lettres qu’avec les sciences, ce qui est un contresens au regard de la nature du questionnement philosophique. Pour cette raison, la SO.P.PHI réclame que les moyens de cette spécialité soient dévolus à un enseignement d’approfondissement en philosophie proposé aux élèves des classes terminales de la voie générale.

2– L’introduction du « grand oral » comme épreuve ayant plus de « poids » dans le baccalauréat nouvelle formule, que l’épreuve écrite de quatre heures de philosophie est une aberration. Une épreuve sans contenu disciplinaire véritable ouvre la voie d’une vaine rhétorique ou d’un bavardage sans substance, là où les lycéens ont besoin au contraire d’une authentique culture de l’esprit. Il faut que le ministère envisage de remettre les choses en place : un écrit portant sur un programme national de philosophie doit être plus déterminant dans l’évaluation terminale de la formation des élèves qu’un oral sans consistance qui n’a de « grandeur » que le nom.

3– Le dédain dont fait preuve la réforme du baccalauréat à l’égard de la philosophie comme discipline républicaine enseignée dans les lycées se retrouve évidemment dans la réforme du CAPES de Philosophie qui sera appliquée en 2022. On y a introduit une épreuve orale d’admission consistant en un entretien avec le jury portant sur « la motivation du candidat et son aptitude à se projeter dans le métier de professeur au sein du service public de l'éducation ». Faut-il encore répéter ce que doit savoir faire tout professeur de philosophie au sein de l’institution scolaire ? Une chose essentielle : poser un problème et instruire ce problème d’une façon élémentaire afin que tous les élèves, même les plus fragiles, puissent acquérir une culture philosophique initiale. C’est seulement le respect des programmes de philosophie de la voie technologique et de la voie générale qui sont déterminants à cet égard. Tout le reste n’est que poudre aux yeux et faux-semblant.

La SO.P.PHI le dit encore une fois : il faut que le ministère se ressaisisse et qu’il prenne conscience que le mépris de la philosophie comme discipline ayant un programme est en fait un mépris à l’égard des élèves eux-mêmes.