Vignette 3Nommée à la tête du nouvel Institut Français d'Islamologie, Madame Souâd Ayada quitte la présidence du Conseil Supérieur des Programmes et donc le ministère de l’éducation nationale, pour rejoindre le ministère de l’enseignement supérieur. La Société des Professeurs de Philosophie rend hommage au travail qu’elle a accompli ces dernières années au service de l’école de la République en général, et en particulier de l’enseignement de la philosophie, d’abord au poste de Doyen du Groupe philosophie de l’inspection générale, puis en tant que Présidente du CSP, responsable de la définition des programmes et des épreuves de philosophie au baccalauréat.

Au moment où la présidence du CSP va être renouvelée, la SO.P.PHI rappelle son attachement à ces deux éléments essentiels à tout enseignement de la philosophie dans l’École de la République : 1) Un programme de notions élémentaires ; 2) Une évaluation nationale du travail accompli pendant l’année scolaire.

1) La SO.P.PHI est parfaitement en phase avec les nouveaux programmes de philosophie puisqu’ils réaffirment avec clarté le principe de la liberté pédagogique. Concentrés sur l’essentiel, à savoir sur les contenus qui doivent être enseignés, ces programmes ainsi quintessenciés se dispensent de toute injonction sur les façons d’enseigner. La SO.P.PHI revendique la « neutralité pédagogique » affirmée par le Rapport d’activité 2016-2019 du CSP. Cette reconnaissance de la liberté, partant de la responsabilité du professeur, se retrouve directement dans la liste alphabétique de notions des programmes de la voie générale et de la voie technologique, dont le traitement requiert que chaque professeur se saisisse en première personne de la question de l’ordre et de l’unité de son cours. Les élèves se forment ainsi eux-mêmes à penser par eux-mêmes en participant à une pensée en train de se faire dans la classe en plein exercice de son autorité philosophique. Il n’y a pas de philosophie officielle dans les lycées de la République !

2) Un enseignement républicain de la philosophie au lycée impose une épreuve terminale et nationale au baccalauréat. Comment, en effet, garantir autrement cet enseignement de toute dérive et pression locales qui mettraient en péril sa nécessaire neutralité ? Les nouveaux programmes précisent que « les apprentissages reposent (...) sur deux formes majeures de composition : l'explication de texte et la dissertation ». La SO.P.PHI est également en phase avec ce constat. Ces deux exercices ont en commun de permettre à l’élève de mobiliser la compétence acquise au terme de sa formation : à partir d’une question simple ou d’un texte court, poser un problème élémentaire en liaison avec le programme de notions, et proposer méthodiquement des éléments d’instruction de ce problème. Ce point est essentiel. Toute modification des sujets d’examen, à l’image du sujet-texte introduit dans la voie technologique, ne pourrait que compliquer les choses pour les lycéens.

La SO.P.PHI se reconnaît donc dans l’esprit républicain qui a animé le CSP ces dernières années. Comme toujours, elle reste ouverte aux évolutions favorables aux élèves, sans oublier les plus fragiles d’entre eux. Pour cette raison, elle rappellera sa proposition concernant la nécessité, pour la philosophie, d’un lien étroit entre la terminale et le supérieur, principe de leur enrichissement réciproque : dans la continuité de la terminale, et donc sur la base d’un programme de notions, la création d'un enseignement de philosophie sur deux années après l’examen national du baccalauréat, en l'étendant aux autres filières du supérieur, pour ne plus le réserver aux seules CPGE ou au cursus universitaire de philosophie.