Vignette 1Un nouveau ministre de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse, Monsieur Pap Ndiaye, vient d’être nommé. La Société des Professeurs de Philosophie demande qu’à cette occasion les points des réformes instaurées par le ministre Blanquer qui menacent la présence d’un authentique enseignement de la philosophie dans les lycées de la République soient abandonnés, et que la place de cet enseignement soit consolidée.

1) D’abord, les nouvelles épreuves du CAPES de philosophie sont de nature à mettre en péril notre enseignement. Le programme de la première épreuve écrite d’admission, la composition, n’est plus seulement le programme de notions des classes terminales qui seul, pourtant, constitue le texte de référence concernant l’enseignement de la philosophie au lycée. En ajoutant le programme de spécialité "humanités, littérature et philosophie" du cycle terminal de la voie générale, on abandonne la référence exclusive aux programmes de notions de la voie générale et de la voie technologique. Le résultat ? Ce sujet du CAPES 2022 : « Les maîtres de vérité. » Un tel énoncé n’est pas en phase avec un concours de recrutement de professeurs de philosophie. En reprenant le titre d’un ouvrage de Marcel Détienne, il déroge au principe, bien établi, de la neutralité philosophique des sujets, qui ne se réfèrent directement à aucune doctrine, à aucun auteur ou livre, et il introduit ainsi un critère arbitraire inévitable de sélection entre les candidats qui le savent et peuvent s'en inspirer, et les autres.

Et que dire de la seconde épreuve orale d’admission ? Cette épreuve est dorénavant un entretien avec le jury portant sur « la motivation du candidat et son aptitude à se projeter dans le métier de professeur au sein du service public de l'éducation ». Faut-il encore répéter ce que doit savoir faire tout professeur de philosophie au sein de l’institution scolaire ? Une chose essentielle : poser un problème et instruire ce problème d’une façon élémentaire afin que tous les élèves, même les plus fragiles, puissent acquérir une culture philosophique initiale. Tout le reste n’est que poudre aux yeux et faux-semblant.

2) Ensuite, la spécialité "Humanité, littérature et philosophie" elle-même n’est pas en accord avec le travail authentiquement philosophique qui doit être accompli au lycée. Cette spécialité entretient d’ailleurs le préjugé selon lequel la philosophie serait plus en phase avec les lettres qu’avec les sciences, ce qui est un contresens au regard de la nature du questionnement philosophique. Les moyens mobilisés pour cette spécialité doivent être mis exclusivement au service de l’enseignement de la philosophie. La SO.P.PHI réclame donc un tronc commun de 5h, et une spécialité d’approfondissement de 3h avec un programme d’œuvres en petit nombre, et une explication de texte comme épreuve terminale. 


Elle réaffirme ainsi la position qu’elle a défendue le 5 décembre 2017 devant la commission MATHIOT et que l’on retrouve dans le Rapport de cette commission où l’on peut lire : « La place de la philosophie est particulière au vu de son double statut de discipline élémentaire - au sens d'une discipline dont le premier niveau d'enseignement est proposé en terminale - en terminale et de son statut d'épreuve universelle parmi les épreuves terminales du baccalauréat... Elle implique que, dans des conditions comparables à la situation actuelle, un enseignement de philosophie soit proposé à tous les élèves de terminale dans des conditions horaires adaptées au statut d'épreuve universelle… Il conviendra aussi de prévoir que la philosophie, dès lors qu'elle garderait sa spécificité d'enseignement commençant en terminale, puisse intégrer plusieurs Majeures et être proposée en Mineure pour un volume horaire total permettant aux élèves intéressés de se former de façon solide. »

La création d’un enseignement de philosophie sur deux années dans le supérieur, et pas seulement dans la voie littéraire, sur le modèle de ce qui existe déjà en CPGE serait en accord avec ce principe. Il s’agirait d’un enseignement s’inscrivant dans la continuité du travail accompli en terminale. Le programme devra être un nouveau programme de notions élémentaires en petit nombre. L’évaluation devra rester la dissertation ou l’explication de texte.

3) Il faut enfin que soit augmenté le poids de la philosophie dans le baccalauréat (actuellement 8%) conformément à ce ce que demandait le Rapport MATHIOT : « Nous proposons que le poids de la philosophie dans le total du baccalauréat soit de 10 % pour tous les candidats. »