L’académie de PlatonLe 15 juin 2018, à l'initiative de syndicats et d'associations, se sont tenues à Nanterre des "Assises nationales de l'enseignement de la philosophie". Jean-Marie FREY a rappelé la position de la SO.P.PHI à l'égard de la réforme du baccalauréat qui est engagée :

"Dans L'Enseignement philosophique, l'APPEP publiait ce texte en mai-juin 2010 : « À l'évidence, dans le secondaire, la voie littéraire connaît une crise profonde. Dans ces conditions, est-il raisonnable de défendre cette voie à tout prix ? (… ) Nous devons réclamer avec force une véritable réforme. (…) Être audacieux. Renoncer aux huit heures de la série littéraire. Proposer un horaire de quatre heures pour tous les élèves. » Que l'on se rassure, ce n'est pas le Président de l’APPEP qui écrivait ces lignes ! J'en suis l'auteur en tant que président de la SO.P.PHI, et cela démontre que la réforme qui est engagée, en ce qui concerne l'enseignement de la philosophie, est très précisément celle que la SO.P.PHI réclame depuis maintenant 10 ans.

On l'aura compris, la SO.P.PHI est étrangère aux compromissions. Elle est cohérente. Elle soutient sans ambiguïté ce qui, dans la réforme du baccalauréat, concerne la philosophie, parce qu'elle a été entendue sur des points qui sont essentiels à ses yeux. Elle est disposée à débattre de sa position. Pour cette raison, dès le jour de l’audition devant le Conseil Supérieur des Programmes j’ai proposé une rencontre à l’ACIREPH et à l’APPEP pour que nous échangions, débattions, et, pourquoi pas, pour que nous dégagions quelques points d’accord. Je n’ai eu aucune réponse.

Alors je profite de cette prise de parole pour rappeler notre exigence : qu’un authentique enseignement de la philosophie soit présent dans les lycées de la république. Et les moyens qui, à nos yeux doivent être mis en œuvre, et que la réforme prend en considération : reconnaître la crise de la voie littéraire, considérer comme une absurdité que dans la voie générale les élèves qui ont l’horaire le plus restreint soient les élèves orientés, on sait bien comment, vers la voie scientifique ; et donc envisager la disparition des séries dans la voie générale, un programme de notions et des épreuves communs à tous avec un horaire suffisant de quatre heures offert à chacun. En accordant quatre heures à tous les élèves du baccalauréat général on facilite pour 200 000 élèves (les ex "S") la possibilité de s'inscrire en Philosophie à l'Université. La spécialité "Humanités, littérature et philosophie" ne la facilite-t-elle pas plus encore ?

Certes, on peut regretter qu'il n'y ait pas une spécialité "Philosophie et sciences humaines", et une autre "Philosophie et sciences de la nature". Mais la spécialité "Humanités, littérature et philosophie" qui inquiète certains ne nous perturbe aucunement. Encore faut-il faire en sorte, puisqu’elle commence en première à la demande des autres associations, que le programme de notions du tronc commun reste le moment d'introduction philosophique à la philosophie. En effet, ce moment garantit l’élémentarité de notre enseignement au lycée qui s’oppose aux "complicités culturelles" dont pâtissent les plus fragiles. Pour cette raison, nous soutenons, en ce qui concerne la spécialité, le principe d’un programme de thèmes qui soit commun à la littérature et à la philosophie.

Et que l’on considère nos positions plutôt que de les caricaturer pour ensuite combattre ses propres représentations... Nous ne sommes pas opposés à une délimitation du programme. Nous sommes favorables à la détermination qu’impose un programme de notions dès lors qu’il s’agit d’un enseignement élémentaire. Cet enseignement s’inscrit dans une démarche de culture générale offerte à tous les élèves au lycée. En d’autres termes, l’enseignement de la philosophie au lycée ne s’adresse pas à des spécialistes. Il est une introduction philosophique à la philosophie. Et par son caractère élémentaire il a toute sa place dans la voie technologique. Le programme qui la concerne ne doit pas contenir des notions qui ne soient pas dans les autres programmes, et les épreuves dans cette voie, ne doivent pas être de nature différente. Nous ne sommes pas hostiles par principe à une évolution de ces épreuves. Mais la réforme concernant la série STHR et les sujets 0 qui nous ont été livrés nous semblent alarmants. L’évaluation qui en sera faite à compter de cet automne sera essentielle. En tous les cas, la SO.P.PHI s’opposera à toute modification des épreuves qui serait envisagée avant qu’une évaluation sérieuse ne soit menée à son terme.

Il reste des points essentiels que la réforme ne résout pas à cette heure. Le dédoublement dans la voie technologique est une exigence que la SO.P.PHI a toujours mise en avant. Et comment parviendrait-on à assurer un authentique enseignement de la philosophie alors que cette année le nombre de postes offerts au CAPES et à l’Agrégation externe diminue ? Si l’on ajoute la disparition programmée, puis heureusement abandonnée, du CAPES interne pour la session 2018, on voit se dessiner une politique budgétaire qui doit nous alarmer.

La SO.P.PHI ne défend pas une réforme, une politique. Elle est une association de professeurs de philosophie qui a travaillé, et rendues publiques des propositions fortes depuis une décennie. Aujourd’hui, et sans rechigner, elle soutient dans la réforme ce qui concerne la philosophie et entérine sans ambiguïtés ses propositions."