Platon_Aristote.jpgLa société des Professeurs de Philosophie soutient le projet de programmes de philosophie publié par le Conseil supérieur des programmes parce qu’elle y retrouve ce qu’elle défend depuis le début de la réforme du baccalauréat : le caractère initial de l’enseignement de la philosophie au lycée qui requiert un programme de notions sans détermination arbitraire ainsi qu’une liste d’auteurs, et qui ne peut préparer qu’à deux exercices pour le baccalauréat : la dissertation et l’explication de texte.

Dans la perspective de la consultation qui va être organisée à partir du 10 juin 2019, voici son analyse et ses propositions relatives à ces programmes.

1- Les notions

La SO.P.PHI est en phase avec la liste des notions retenues. D’abord, ces notions sont des notions communes et partagées. Elles possèdent un caractère d’élémentarité sans lequel l’égalité entre les élèves n’est qu’une revendication abstraite. Elles sont de nature à favoriser la réussite de tous les lycéens, sans oublier les plus fragiles. Ensuite, le nombre des notions retenues est bien proportionné à l’horaire qui est dévolu à la philosophie. Il faudra toutefois envisager le dédoublement d’une heure de cours dans la voie technologique afin d’accorder aux élèves les plus fragiles les moyens de leur réussite. Enfin, les notions proposées dans cette voie le sont également dans la voie générale. Ainsi, le projet de programmes rappelle qu’il n’y a qu’un seul enseignement de la philosophie dans les lycées de la République. Il reconnaît l’égale dignité de la voie générale et de la voie technologique.

La présentation de la liste des notions revêt une certaine importance. La SO.P.PHI avait regardé favorablement le projet du Groupe d’experts qui proposait de présenter les notions selon des « domaines » entendus comme des priorités et non des exclusivités. Aujourd’hui, le texte qui nous est proposé ne retient pas ces «domaines», même s’ils sont repris en tant que «dimensions» dans le travail du professeurs (« En tant que de besoin, le professeur les examine dans leurs dimensions métaphysique, épistémologique, morale, politique et anthropologique», p. 5). En tous les cas, il faut que la présentation des notions soit compréhensible par tout citoyen qui consulterait le programme, mais il ne faut pas qu’elle impose un ordre, puisque cela serait contraire à l’esprit de liberté et à la logique même qui anime le travail philosophique sur des champs de problèmes qui se recoupent nécessairement. La présentation des notions selon un ordre alphabétique respecte bien ces deux exigences : puisqu’il s’agit de notions communes, la lecture de la liste est immédiatement compréhensible ; puisqu’il s’agit d’un ordre alphabétique, toute détermination arbitraire est d’emblée écartée.

Pour répondre aux craintes parfois exprimées, on pourrait peut-être envisager une présentation des notions dans un tableau qui obéirait également à ces principes et qui reprendrait la présentation des notions que l’on trouvait dans le programme de la voie technologique avant la réforme de 2003 (un exemple est proposé en annexe).

2- Les auteurs

Dans la liste proposée, on trouve des auteurs dont les écrits ne sont pas élémentaires. De tels auteurs ne permettent pas de choisir une œuvre pouvant faire l’objet d’une étude suivie dans les classes terminales. La SO.P.PHI propose donc d’ajouter, si cette liste était maintenue, une prescription dans les textes du projet : il faut que les œuvres ou les parties choisies des œuvres pour l’étude suivie dans la voie générale ou les textes choisis dans la voie technologique présentent un caractère élémentaire propre à en favoriser la compréhension par tous les élèves.

3- Les repères et les exercices

La SO.P.PHI s’accorde parfaitement aux parties du projet de programmes intitulées « Repères » et « Exercices et apprentissage de la réflexion philosophique ».

4- La philosophie à l'examen du baccalauréat

La SO.P.PHI est également en phase avec cette partie du programme. Elle considère en effet que les formes de discours écrit les plus appropriées pour évaluer le travail des lycéens en philosophie sont la dissertation et l'explication de texte. Ces deux exercices ont en commun de permettre à l’élève de mobiliser la compétence acquise au terme de sa formation : à partir d’une question simple ou d’un texte court, portant « exclusivement sur l'articulation de notions figurant au programme ou, pourvu qu'ils soient nettement délimités, sur une seule notion du programme interrogée dans l'une de ses dimensions essentielles », poser un problème élémentaire, et proposer méthodiquement des éléments d’instruction de ce problème.

Puisque « la liste des auteurs définit le périmètre de choix des sujets d'examen » (p. 8), et puisqu’on trouve dans cette liste des auteurs dont les œuvres ne relèvent pas d’une culture philosophique initiale, il faut envisager, si cette liste était maintenue, une précision dans le texte du projet aussi bien pour la voie générale que pour la voie technologique : les extraits choisis doivent présenter un caractère d’élémentarité et de simplicité propre à permettre aux élèves de dégager le problème dont il est question.

Conclusion

La SO.P.PHI considère que le projet de programmes de philosophie pour la voie générale et la voie technologique garantit la présence d’un authentique enseignement de la philosophie dans l’École de la République. À présent, il faut envisager un recrutement par concours d’enseignants préparés à cet enseignement initial et exigeant, ainsi qu’un véritable plan de formation continue des professeurs déjà en exercice.

Annexe

Un exemple de tableau inspiré de la présentation des notions que l’on trouvait dans le programme de la voie technologique avant la réforme de 2003 :


Tableau Notions




Si une telle présentation était retenue, le texte devrait préciser que le tableau n’est qu’une présentation non contraignante des notions, et que, comme le prévoit le projet de programmes, la détermination des notions et « leur mise en relation dépendent des questions et problèmes travaillés, ainsi que des itinéraires réflexifs proposés par le professeur ».