Platon_Aristote.jpgLe 28 mars 2019, la Société des Professeurs de Philosophie a fait parvenir aux copilotes du Groupe d’experts son analyse du projet de programme pour les futures classes terminales générales et technologiques présenté lors de l’audience du 20 mars au Conseil Supérieur des Programmes. Elle est en phase avec ce projet sur des points essentiels : la réaffirmation de la responsabilité pédagogique du professeur de philosophie qui écarte toute philosophie officielle, et la reconnaissance qu’un programme de philosophie ne peut-être qu’un programme de notions avec une liste d’auteurs, ce qui confirme la distinction de ce programme d’avec celui de la spécialité HLP, et conforte ainsi la place de notre enseignement en terminale comme introduction à la philosophie.

Certes, le choix des notions elles-mêmes ne saurait être négligé. Ce qui est proposé est certainement perfectible. « L’idée de Dieu » n’est pas une notion élémentaire. Et on ne peut pas dire que « l’étude d’un concept scientifique » soit une notion, même si cet aspect du programme est légitime. Ne faudrait-il pas l’extraire de la liste des notions, et ajouter une ligne indiquant, par exemple, « dans cette perspective, le professeur proposera l’étude d’un concept scientifique dans le domaine des sciences physiques ou des sciences du vivant » ?

Mais il faut considérer qu’un programme de philosophie ne se réduit pas à une liste de notions. Il s’agit d’un texte qui, dans son intégralité, institue un cadre à la fois pédagogique et juridique pour les professeurs de philosophie et leurs élèves dans les lycées de la République. Aussi, la SO.P.PHI souhaiterait faire porter son analyse, non plus sur un « projet de projet », mais sur le texte même du programme qui est envisagé par le Groupe d’experts. En tous les cas, et après l’audience du 20 mars, elle demande que certains points essentiels apparaissent sans aucune ambiguïté dans le corps du texte du programme aussi bien pour la voie générale que pour la voie technologique. Ce texte, en effet, doit signifier ce qui caractérise un authentique enseignement de la philosophie au lycée :

1) L’enseignement de la philosophie en classe terminale présente un caractère élémentaire. Le choix d'un nombre restreint de notions vise ainsi à identifier les plus communes et les mieux partagées.

2) L'examen de chaque notion met en évidence l'existence de champs de problèmes, qui, en retour, permettent de saisir progressivement les liens organiques de dépendance et d'association qu'elle entretient avec les autres notions du programme. En conséquence :

- Lorsqu'une notion est associée à une ou deux autres notions, cela n'implique aucune orientation doctrinale particulière, ni aucune limitation arbitraire de son traitement philosophique.

- Les perspectives visent uniquement à définir une priorité, et non une exclusivité, dans l’ordre des problèmes que les notions permettent de formuler.

- La structure du programme permet ainsi que les sujets donnés à l'épreuve écrite du baccalauréat portent sur les notions et les problèmes qui leur sont inhérents (l'un des sujets le faisant au travers d'une explication de texte philosophique). Elle permet également que ces sujets recoupent diverses perspectives, pourvu que les sujets n'y perdent pas leur caractère élémentaire et qu'au moins une notion du programme soit clairement identifiable par l'élève dans leur formulation.

3) L’étude suivie de l’œuvre ne s’ajoute pas à l’examen des notions au programme puisque cette étude constitue un moment essentiel de cet examen. La SO.P.PHI propose de réduire la liste des auteurs selon un critère pédagogique : ne retenir que les auteurs dont les écrits permettent de choisir une œuvre pouvant faire l’objet d’une étude suivie ou au moins d’envisager un texte court pouvant être donné comme sujet d’examen le jour de l’épreuve du baccalauréat.

4) Les repères sont seulement des exemples de distinctions conceptuelles ou lexicales. L’élève doit apprendre à établir lui-même des distinctions de cette nature sans lesquelles on ne peut pas poser ni instruire un problème philosophique.