PlatonUn bruit se fait entendre dans les couloirs de l’institution scolaire : une réforme des classes préparatoires économiques et commerciales serait à l’ordre du jour. La rumeur est surprenante puisque cette voie de formation est réformée depuis… la rentrée scolaire 2021 ! Les responsables en charge de l’institution ne mollissent donc pas. Sont-ils à ce point insatiables, qu’il leur faudra bientôt une réforme chaque année ?

Certes, la voie des classes préparatoires économiques et commerciales rencontre des problèmes de recrutement, et ces problèmes sont peut-être le signe d’une crise. Toutefois, si l’on envisage le projet de réforme qui serait à l’ordre du jour, on est tout de même surpris. Ce projet, parmi quelques nouveautés, consiste en effet à réduire le volume horaire de la philosophie et de la littérature. Une question, ici : nos réformateurs considèrent-il que les difficultés rencontrées par les classes préparatoires aux grandes Écoles de management s’expliquent par une trop grande importance accordée à la culture générale ? On n’ose croire à un tel mépris à l’égard des élèves. Supprimer des heures de cours consacrées à l’étude de grandes œuvres de l’esprit au bénéfice d’une libre réflexion sur le monde et sa complexité, ce serait pénaliser les élèves, et d’abord les plus fragiles. Ceux qui ont en tête une telle modification de l’équilibre des disciplines, ont-ils conscience qu’en dehors de l’institution scolaire ces éléments de culture échapperont aux élèves les plus démunis ?

« Le monde, écrivait Montaigne, n’est qu’une branloire pérenne. » Mais le monde est le monde. Nos réformateurs devraient se garder de faire de l’École de la République une branloire au détriment de la culture des futurs citoyens.

Le Bureau de la Société des Professeurs de Philosophie