PlatonLe 20 mars 2018, à la demande de Mme Isabelle BOURHIS, membre du cabinet du Ministre de l’éducation nationale, s’est tenue une réunion ayant pour objet le baccalauréat et l’organisation du lycée. Étaient présents, Jean-Marie FREY, président de la SO.P.PHI, Nicolas FRANCK, président de l’APPEP, une représentante de l’ACIREPH, et un représentant de la DGESCO.

À cette occasion, les trois associations ont rappelé leur position concernant la place de la philosophie dans le cadre de la réforme du baccalauréat qui est engagée.

Cette audience a confirmé que les propositions de la SO.P.PHI sont très bien accueillies par le cabinet du Ministre (importance du tronc commun sur la base d’un programme de notions et d’une exigence d’élémentarité, distinction entre le programme de notions pour le tronc commun et un programme de thèmes pour la spécialité, spécificité de l’épreuve de philosophie et épreuve commune pour la spécialité corrigée par un professeur de lettres ou bien un professeur de philosophie). Certes, la demande d’une parité dans les heures distribuées aux lettres et à la philosophie, et d’un coefficient de 10% accordé à la philosophie pourrait bien ne pas être suivie. Nous nous dirigeons certainement vers une présence effective du professeur de philosophie dans la spécialité, mais sans que cette présence soit nécessairement de cinq heures sur les deux années, et vers un coefficient de 8%. Mais pour le reste, qui est à ses yeux essentiel, la SO.P.PHI est en phase avec la réforme engagée. Quatre heures de philosophie pour tous les élèves de la voie générale, en terminale et sur une année, et donc dans le cadre d’un enseignement élémentaire sur la base d’un programme de notions, et avec une épreuve commune sous la forme d’une question ou de l’explication d’un texte court, là est l’unique objet de notre association, et nous sommes peut-être en passe d’obtenir ce que nous demandons depuis maintenant dix ans d’engagement et de réflexion sur la nature de notre métier.

Or cette audience a révélé que les positions publiques de l’APPEP créent la confusion et qu’elles présentent un grand risque, avant les réunions du CSE du 21 mars et du 12 avril, au regard de la reconnaissance accordée par le ministère à l’importance de la philosophie dans le baccalauréat qui se dessine.

En affirmant publiquement que la réforme menace la philosophie, en continuant de défendre la série L, en entretenant la confusion entre le tronc commun de quatre heures et la spécialité, l’APPEP (par la voix de son président) rend les professeurs de philosophie inaudibles pour ceux qui décident de la mise en œuvre de la réforme. Dès le lendemain de son audition devant le CSP, la SO.P.PHI a proposé à l’APPEP et à l’ACIREPH une rencontre ayant pour objet la possibilité de rechercher un accord sur la question des programmes. À ce jour, elle n’a reçu aucune réponse, et, plus grave encore, le président de l’APPEP a déclaré lors de cette réunion au cabinet du Ministre qu’aucun accord n’était a priori envisageable ! Une telle déclaration a fait sursauter l’auditoire ! Mais où va l’APPEP ? Prendra-t-elle le risque d’affaiblir durablement la parole des professeurs de philosophie en s’enfermant dans une attitude discriminatoire qui est incompréhensible pour tous ceux qui n’ont pour seule préoccupation qu’un authentique enseignement de la philosophie au lycée ?

Ce qui se décide en ce moment est essentiel : nous sommes à la croisée des chemins. Il ne s’agit pas de telle ou telle posture de telle ou telle association. Le président de la SO.P.PHI va donc faire parvenir aux responsables de l’APPEP (et à l’ACIREPH) une nouvelle proposition de rencontre. Nous verrons bien ce qu’il en sera. Mais il faudra que chacun se souvienne des prises de position des uns et des autres au moment où s’est joué pour longtemps la place de la philosophie dans les lycées de la République !