État des lieux de l'enseignement de la philosophie : quand le SNES et l'ACIREPH parlent d'une même voix
Par SO.P.PHI le samedi, juillet 11 2015, 12:56 - Enseignement de la philosophie - Lien permanent
Le SNES est-il devenu le porte-parole de l'ACIREPH ? Dans son questionnaire "pour un état des lieux de l'enseignement de la philosophie dans le secondaire" on trouve l'idée sans cesse répétée par l'ACIREPH depuis les années 2000 selon laquelle les programmes seraient "trop indéterminés". Et une question demande si les principales raisons des difficultés rencontrées par les élèves ne seraient pas le programme ou bien les épreuves du bac. Ainsi, le SNES s'aligne purement et simplement sur la position de ceux qui ignorent totalement le caractère élémentaire de notre enseignement en classes terminales ! Au reste, on croit rêver lorsqu'on lit la question qui envisage de remplacer les notions par des problèmes. Et l'on s'interroge. Comment est-il possible d'être ignorant de la nature de notre métier au point de ne pas savoir qu'une notion est précisément définie par nos programmes comme un champ de problèmes ? On comprend donc que le SNES soit dans l'obligation de remercier chaleureusement l'ACIREPH et de lui offrir un lien vers son site !
Jean-Marie Frey, Président de la SO.P.PHI
Lien utile : le questionnaire ACIREPH/SNES
Commentaires
L'intention de rendre les programmes plus "déterminés" n'est pas sans rapport avec un certain "positivisme" voire un scientisme qui prétend fournir des critères d'évaluations quantitatifs et qualitatifs susceptibles de résoudre les difficultés rencontrées par les élèves qui dès lors pourraient "apprendre la philosophie". Si l'intention de résoudre les problèmes des élèves est louable, et fait partie intégrante de notre enseignement, le moyen préconisé a pour inconvénient majeur d'imposer subrepticement une conception de la philosophie et des problèmes philosophiques, qui pour moi signifie la mort de la philosophie, si par philosophie on entend l'exercice de la pensée face à l'inconnu soit ce qui est inconnaissable (n'est pas une affaire de vérité scientifique). En ce sens, toutes les approches sont pertinentes car personne n'a à autoriser telle ou telle pensée, si c'est de la pensée, et nous ne pouvons, comme enseignants, que juger de la cohérence du raisonnement, de la qualité de l'argumentation et du sens dans lequel la culture exigible est mobilisée. Peut-on espérer meilleure ouverture d'esprit ? Si nous admettons qu'il y a non pas une philosophie mais des philosophies, une pluralité de doctrines, alors cette "indétermination" des programmes est le meilleur gage de la liberté de penser que les élèves doivent assumer, tout comme nous, à nos risques et périls.
J'invite donc les collègues de l'ACIREPH ainsi que ceux du SNES à bien mesurer les conséquences de leur intention.
Jean Nieddu.
Professeur au lycée la Jetée,
Le François, Martinique.