La Société des Professeurs de Philosophie (SO.P.PHI)

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mardi, octobre 1 2024

Tribune : "Nous, professeurs de philosophie au lycée, réclamons justice pour notre discipline au baccalauréat"

Marianne
Guillaume Pigeard de Gurbert et Jean-Marie Frey, respectivement président et vice-président de la Société des professeurs de philosophie (SO.P.PHI), estiment que la dernière réforme du baccalauréat a causé des préjudices à leur discipline et exigent une réparation. (Marianne, 01/10/2024)

La dernière rentrée scolaire fut contrainte au silence politique. Un changement au regard des rentrées en fanfare avec leur cortège habituel d’annonces fracassantes ! Puisse ce silence avoir ouvert un espace de réflexion sur les dommages que la dernière réforme du baccalauréat a causés en philosophie et libérer le temps d’y remédier sans plus attendre.

Voilà les dommages : 1. alors que la maquette du nouveau bac a reconduit les horaires dédiés en terminale aux mathématiques, à la physique, aux sciences de la vie et de la terre, en créant autant de « spécialité » décalquant l’ancienne série S, la philosophie s’est vue arbitrairement privée de spécialité. Si un élève peut choisir en terminale une spécialité mathématiques ou physique, on l’a privé d’une spécialité « philosophie ». 2. Par la même occasion, l’épreuve de philosophie du tronc commun s’est vue affectée d’un coefficient dérisoire, comptant pour seulement 8% du bac, lorsque le grand oral qui n’a ni programme ni horaire dans l’emploi du temps compte lui pour 10%.

En conséquence nous réclamons justice pour la philosophie. En l’occurrence, nous demandons qu’une spécialité « philosophie » de 3 heures hebdomadaire soit introduite en terminale dans le nouveau bac et que le coefficient de l’épreuve commune de philosophie soit augmenté et pèse plus que le grand oral.

Est-il bien raisonnable de penser l’avenir du pays en incitant la jeunesse à se consacrer à l’étude spécialisée des mathématiques, des sciences en général ou des sciences sociales tout en lui interdisant d’approfondir sa connaissance de la philosophie ? Comment justifier qu’un lycée puisse choisir de coupler mathématiques et langues vivantes ou physique et arts mais pas maths et philosophie ? Dans une époque où une temporalité électrisée au service d’une « économie de l’attention » se traduit par une érosion du temps de lecture et de réflexion, à l’heure où l’intelligence artificielle concurrence déjà le raisonnement humain depuis son fonctionnement ordinaire jusqu’au sommet de la rationalité mathématique, n’avons-nous pas collectivement besoin qu’une partie de notre jeunesse dont c’est le goût et l’intérêt se voie reconnaître le droit de prendre le temps de fréquenter les grandes pensées philosophiques ? Sans une spécialité « philosophie » au baccalauréat, nous préparons certes de futurs ingénieurs, mais nous tuons dans l’œuf les professeurs de philosophie de demain dont nous aurons pourtant grand besoin pour affronter les nouvelles modalités de l'obscurantisme qui menacent la République.

jeudi, juin 20 2024

Assemblée générale 2024

Platon"J'ai eu l'honneur de présider la Société des Professeurs de Philosophie depuis sa création en 2008. Avec le soutien de ses adhérents et l'engagement sans faille des membres de son conseil d'administration, nous avons mené des combats qui ont été décisifs pour l'enseignement de la philosophie dans les lycées de la République.
Lors de cette assemblée générale, j'ai songé à pérenniser notre association. J'ai proposé de modifier nos statuts pour en actualiser l'objet, et d'élire un conseil d'administration qui a choisi un nouveau Président. Je suis heureux que Guillaume Pigeard de Gurbert ait accepté d'être candidat à cette fonction. Sa grande qualité de philosophe dont témoignent ses remarquables publications, son engagement sans faille depuis des années au service de notre enseignement, et son expérience des interventions institutionnelles, feront de lui un Président qui saura faire entendre la voix de la SO.P.PHI."

Jean-Marie FREY


L’assemblée générale ordinaire de la Société des Professeurs de Philosophie s’est tenue le 9 juin 2024. Elle a voté le budget, modifié les statuts et renouvelé le CA :

Président : Guillaume PIGEARD DE GURBERT (Limoges)

Vice-Président : Jean-Marie FREY (Angers)

Trésorier : Anne-Bérangère POYRET (Angers)

Secrétaire : François MORICEAU (Le Mans)

jeudi, avril 4 2024

Disparition de Bernard Bourgeois, philosophe et professeur

Le Bureau de la Société des Professeurs de Philosophie a appris avec tristesse le décès de Bernard Bourgeois, de l’Académie des Sciences morales et politiques, survenu le 26 mars dernier. La SO.P.PHI rend hommage à celui qui fut un vrai défenseur de l'enseignement de la philosophie au lycée. Bernard Bourgeois racontait avec le plus grand sérieux conceptuel son premier cours en terminale : une explication du début du Discours de la méthode. Ce grand professeur de philosophie disait qu'il referait le même cours si c'était à refaire ! Sa disparition nous attriste tous. Nous présentons nos condoléances à ses proches.

dimanche, octobre 15 2023

Attentat terroriste dans la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras : communiqué de la SO.P.PHI

Au moment où le terrorisme islamique frappe une fois encore l’École de la République, la Société des Professeurs de Philosophie adresse tout son soutien et ses condoléances à la famille et aux proches de notre collègue Monsieur Bernard, professeur de Lettres. Elle apporte également son soutien à ses collègues blessés dans leur chair, ainsi qu’aux élèves et à tous les membres de la communauté éducative de la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras.

Après l’assassinat de Samuel Paty, l’institution scolaire est une fois encore une cible du fanatisme islamiste. La Société des Professeurs de Philosophie exprime avec force son attachement indéfectible à une École qui promeut, auprès de tous les élèves, et sans aucune exception, les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité, valeurs que protège notre République laïque.

jeudi, septembre 21 2023

Communiqué de la SO.P.PHI – CAPES de Philosophie : une réforme unanimement rejetée

Vignette 1La Direction Générale des Ressources Humaines de l’éducation nationale a pris la décision de mettre fin pour l’année 2024 aux fonctions de la présidente du jury du CAPES-CAFEP externe de philosophie.

La situation ainsi créée fait apparaître au grand jour le malaise engendré par l’application d’une réforme du CAPES-CAFEP pourtant unanimement rejetée. Dans ses communiqués du 9 décembre 2019 et du 16 février 2021, la Société des Professeurs de Philosophie exprimait sa consternation à l’égard de ce changement qui limite le travail proprement philosophique des candidats.

La SO.P.PHI rappelle sa position : ceux qui ont en charge l’organisation des concours de recrutement des professeurs de philosophie doivent avoir à l’esprit ce que sont les programmes de philosophie des classes terminales. Car ces programmes constitués de notions, c’est-à-dire de champs de problèmes, et d’une liste d’auteurs déterminent très précisément la nature du métier de professeur de philosophie. Par suite, le cadrage disciplinaire des épreuves du CAPES-CAFEP est le seul moyen de s'assurer de la maîtrise pédagogique et didactique élémentaire des futurs professeurs. Tout autre cadre affranchi des contenus, des méthodes et de la didactique philosophique ne peut, au détriment de l’intérêt des élèves dans les lycées de la République, que sombrer dans l'arbitraire, en se privant de tout critère objectif de sélection des candidats.

Le Bureau

Le communiqué du 16 février 2021

jeudi, août 31 2023

Communiqué de la SO.P.PHI : le coefficient de la philosophie au baccalauréat

PlatonDans son communiqué de juillet 2023 transmis au ministère de l’éducation nationale, la Société des Professeurs de Philosophie demandait, pour remédier aux dysfonctionnements induits par la réforme du baccalauréat 1) le report des épreuves de spécialités en juin ; 2) l’attribution à la philosophie d’un coefficient supérieur à 8%.

Après les dernières décisions du nouveau ministre Gabriel Attal, la SO.P.PHI se satisfait pleinement d’avoir été entendue sur le premier point avec tous ceux qui ont exprimé leur mécontentement.

Or un rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation du Sport et de la Recherche remis au ministre en juillet 2023 s’accorde avec le second point. Il recommande en effet : « Repenser la position du tronc commun par rapport aux enseignements de spécialité : – Rééquilibrer les coefficients des épreuves terminales  » (page 4). Les rédacteurs de ce rapport précisent : « La perception de l'investissement des élèves dans le tronc commun est en effet très dégradée. Les professeurs de philosophie en particulier, discipline considérée parfois lors des premières visites en établissement de la mission comme épargnée, car conservant une épreuve terminale, ressentent de manière aiguë le désinvestissement des élèves et l'absence d'enjeux. » (page 21). Les inspecteurs généraux évoquent enfin « un renforcement du coefficient de la philosophie et/ou du grand oral » (page 46). Si l’on considère que la philosophie, contrairement au grand oral, dispose d’un horaire et d’un programme, et que son enseignement en classe terminale est propre à cultiver chez les élèves la solidité du jugement personnel, on la considérera comme une condition d’un grand oral qui n’est pas un simple exercice de réthorique, et c’est bien alors le coefficient de l’épreuve de philosophie qui devra être réévalué.

La SO.P.PHI demande donc que le ministère aille au bout de ce qui pourra conforter la place de la philosophie dans l’École de la République et qu’il décide une réévaluation significative du coefficient de l’épreuve de philosophie au baccalauréat .

Le rapport de l’IGÉSR : La réforme du lycée général et technologique, N°22-23 048B – juillet 2023

vendredi, juillet 21 2023

Communiqué de la SO.P.PHI : la philosophie au lycée après la réforme du baccalauréat

Vignette 3Le nouveau ministre de l’éducation nationale, Monsieur Gabriel ATTAL, va devoir instruire, parmi d’autres, un dossier prioritaire concernant le lycée. Avec la mise en œuvre de la réforme du baccalauréat dans sa globalité, le troisième trimestre est en effet totalement désorganisé ce qui fragilise l’épreuve de philosophie et, dans le même mouvement, l’enseignement même de cette discipline au cœur de l’École de la République.

Le mécontentement des professeurs de philosophie est puissant. En témoigne la pétition pour une révision de la réforme du baccalauréat signée, non seulement par de nombreux universitaires, mais collectivement par les départements de philosophie, ainsi que par la Société Française de Philosophie. Le précédent ministre a lancé une mission pilotée par l’ancien recteur William MAROIS pour envisager des « pistes d'amélioration des fins d'année scolaires ».

La SO.P.PHI rappelle ses propositions, seules susceptibles de remédier immédiatement aux dysfonctionnements induits par la réforme et de conforter la place de la philosophie dans les lycées de la République :

1 – Reporter les épreuves de spécialités en juin, après l'écrit de philosophie début juin. En effet, une simple rétention des notes ne saurait suffire, tant les élèves sont capables de mesurer, dans la plupart des disciplines, le succès ou l’insuccès de leurs productions.

2 – Attribuer à la philosophie, discipline enseignée une année avec un programme national, un coefficient supérieur à 8% et, en tous les cas, supérieur à celui du « Grand oral ». Un tel ajustement, sans remettre en cause la nouvelle épreuve du « Grand oral », enverrait un signe institutionnel aux élèves sur l’importance de rester au travail jusqu’au terme du troisième trimestre.

mercredi, juillet 12 2023

Communiqué de la SO.P.PHI sur le calendrier des épreuves du baccalauréat

Vignette 1Avec la mise en œuvre de la réforme du baccalauréat dans sa globalité, la Société des Professeurs de Philosophie constate que les épreuves de spécialité en mars et le trop faible coefficient de l’épreuve écrite de philosophie désorganisent le troisième trimestre, et fragilisent l’épreuve de philosophie.

Au moment où le ministre de l’éducation nationale lance une mission pour envisager des « pistes d'amélioration des fins d'année scolaires », la SO.P.PHI demande donc deux points d’ajustement qui permettraient de remédier immédiatement aux dysfonctionnements induits par la réforme et de conforter la place de la philosophie dans l’École de la République :

1 – Reporter les épreuves de spécialités en juin, après l'écrit de philosophie début juin. En effet, une simple rétention des notes ne saurait suffire, tant les élèves sont capables de mesurer, dans la plupart des disciplines, le succès ou l’insuccès de leurs productions.

2 – Attribuer à la philosophie, discipline enseignée une année avec un programme national, un coefficient supérieur à 8% et, en tous les cas, supérieur à celui du « Grand oral ». Un tel ajustement enverrait un signe institutionnel aux élèves sur l’importance de rester au travail jusqu’au terme du troisième trimestre.

mercredi, juin 14 2023

Communiqué de la SO.P.PHI – Réforme du baccalauréat : le fiasco !

Vignette 3La réforme du baccalauréat est cette année mise véritablement en œuvre. Et on peut le dire : le bilan est catastrophique ! D’abord, tandis que le discours politique claironne depuis vingt ans l'objectif d'une « reconquête du mois de juin », l'action politique a tout bonnement dispensé les élèves du troisième trimestre. Depuis les épreuves de spécialités qui se sont déroulées en mars, l’absentéisme dans les lycées est colossale. On a également vu se multiplier les incivilités et le désordre dans certains établissements. Il faut dire que les lycéens sont invités à suivre des cours dépourvus de la finalité que leur donnait l'examen terminal. 

Et la philosophie n’est pas épargnée ! L’épreuve écrite terminale a lieu après que les élèves ont reçu leur affectation sur Parcoursup pour la rentrée suivante. Autant dire que cette épreuve se retrouve vidée de son sens. Au demeurant, et puisqu’elle compte seulement pour 8% du total des notes, son importance dans l'esprit des élèves est logiquement directement indexée sur ce poids anecdotique.

Devant l’ampleur de ce désastre, on se dit que la République à tout de même une chance : que les réformateurs de l’École ne s’occupent pas de l’aviation civile. Car alors, avec un tel niveau d’aveuglement dans leur manie réformatrice les avions s’écraseraient sur nos villes ! Ce fiasco exige une réaction très sérieuse du ministère de l’éducation nationale. La Société des Professeurs de Philosophie (SO.P.PHI) demande que soient rétablies toutes les épreuves écrites au mois de juin, et que la philosophie compte au moins pour 10% du bac.

Le Bureau

vendredi, mai 19 2023

Deux ouvrages à découvrir, aux éditions Encre Marine

Vignette 1 Pour inaugurer la rubrique Comptes-rendus de lectures sur son site, la SO.P.PHI a choisi de mettre en valeur le beau travail des éditions Encre Marine, diffusées par les Belles Lettres, fondées et dirigées par notre collègue Jacque Neyme, professeur de philosophie honoraire.

Viennent d'être réédités, chez cet éditeur, deux ouvrages qui ne manqueront pas d'intéresser les philosophes : La Vie de Monsieur Descartes d'Adrien Baillet ; Pour l'histoire de la science hellène de Paul Tannery.

Pour en savoir plus :

- La vie de Monsieur Descartes

- Pour l'histoire de la science hellène

- Les éditions Encre Marine : https://www.lesbelleslettres.com/encre-marine

mardi, mars 28 2023

Communiqué de la SO.P.PHI : retour sur les programmes de philosophie de 2019

L’académie de PlatonEn avril 2023, l’Inspection proposera aux professeurs de philosophie de l’académie de Versailles une formation à partir, notamment, de ces objets : « Comment se défendre par la parole ? Une tentative d’autodéfense intellectuelle et verbale féministe en Première HLP » ; « Comment les femmes ont été exclues en philosophie : philosophesse (sic) et constitution du canon philosophique XVIIIème-XIXème siècles » ; « Réflexion sur la notion de nature, à partir d’un corpus écoféministe en classe de Terminale générale » (ce qui, étonnamment, excluait les élèves de la voie technologique). Cette journée sera à l’évidence consacrée à une belle idée : l’égalité entre toutes les personnes sans laquelle la République s’étiole. Si sa finalité est, en ce sens, indiscutable, on peut se demander si les moyens proposés par cette formation sont pertinents, voire légitimes.

Passons sur le féminin de « philosophe » forgé sans référence ni au dictionnaire ni à l’usage : est-ce le rôle d’un enseignement encadré par un programme et un examen nationaux d’imposer aux élèves un tel lexique, lorsqu’ils ont déjà tant de mal à maîtriser le français ordinaire ? Plus gênant, les formulations de cette formation qui véhiculent des parti-pris qu’en bons professeurs de philosophie on ne peut qu’interroger. L’idée d’une « autodéfense féministe » ne véhicule-t-elle pas des présupposés non seulement qui ne sauraient avoir de sens sans interrogation critique mais susceptibles de contredire la finalité en postulant une inégalité entre les élèves garçons et les élèves filles, introduisant dans la classe un climat de division peu propice à la réflexion sereine et éclairée ?

Les objets retenus par l’Inspection pour cette journée de formation fournissent une occasion de revenir sur la nature des programmes de philosophie.

Dans la présentation des programmes d’enseignement de la philosophie pour les voies générales et technologiques, on peut lire : « Le programme de l'enseignement de la philosophie dans les classes terminales reprend le principe qui constitue la norme constante et reconnue de la discipline : c'est un programme de notions auxquelles s'adjoint une liste d'auteurs. » Cela signifie que notre enseignement porte sur des problèmes. « Communément partagées, ces notions font l'objet d'une élaboration conceptuelle mettant en évidence les problèmes que soulèvent leur définition et leur articulation entre elles. » Ce point est capital au regard de l’exercice du métier de professeur de philosophie dans les lycées de la République :

1– D’abord, puisque les programmes de philosophie sont des programmes de notions, nos leçons doivent consister, dans nos classes, à poser et à instruire un problème avec nos élèves. Cela permet d’écarter toutes les dérives historiennes ou doctrinales. Concernant le « corpus » de cette formation, il réserve la portion congrue aux auteurs figurant aux programmes au profit d’auteurs qui n’en font pas partie. Si tout cours jouit de la liberté de solliciter d’autres auteurs, est-ce sa fonction que de refaire les programmes en en inversant les priorités ? Derrière les auteurs composant une culture philosophique commune c’est la garantie de la bonne évaluation du travail des élèves qui est en jeu.

2– Ensuite, parce que nos programmes sont des programmes de notions, la doxographie n’a pas sa place dans l’élaboration d’une leçon digne de ce nom. Lorsque le maître et l’élève éprouvent l’inquiétante résistance d’un réel qui ne se laisse pas aisément appréhender, c’est un problème qu’ils rencontrent, et non en premier lieu une opinion ou une doctrine.

3–  Enfin, un « programme de notions veille à n'imprimer aucune orientation doctrinale particulière ni aucune limitation arbitraire du traitement philosophique des notions ». Tenter une sorte de « détermination » des programmes de philosophie par le moyen d’un recours aux « repères », c’est donc renverser l’ordre philosophique voulu par les textes en faisant d’un mode une substance. Les repères (par exemple, « Genre/espèce/individu », « Identité/égalité/différence ») ne sont en effet que des « distinctions lexicales et conceptuelles qui, bien comprises, soutiennent la réflexion que l'élève construit pour traiter un problème ». Par suite, ils « ne font en aucun cas l'objet d'un enseignement séparé ni ne constituent des parties de cours. »

Parce qu’ils sont des programmes de notions, les programmes de philosophie, dans la voie générale et dans la voie technologique, prescrivent un enseignement proprement philosophique. La SO.P.PHI considère que l'Inspection doit être garante de la mise en œuvre de ces programmes, et qu’elle doit mettre en garde contre ce qui ne peut que perdre de vue, et même nuire à la nécessité d'instruire de manière élémentaire nos élèves. Dans l’école de la République, on n’apprend pas une pensée. On apprend à penser philosophiquement !

lundi, janvier 23 2023

Dédoublement dans la voie technologique: une nouvelle lettre à Monsieur le Ministre de l'éducation nationale

Vignette 1En 2014, la SO.P.PHI a participé à la délégation qui a été reçue au ministère de l’Éducation Nationale à trois reprises pour réclamer le rétablissement du dédoublement d’une heure en philosophie dans les classes de la voie technologique.

En 2015, le ministère a fait parvenir une lettre à tous les recteurs pour leur demander de veiller à ce que la question du dédoublement des classes de philosophie dans la voie technologique soit prise en considération.

En 2019, la SO.P.PHI est revenue sur cette question par une lettre adressée à Monsieur le Ministre de l'éducation nationale dans une démarche d'unité intersyndicale et interassociative.

Aujourd’hui, elle poursuit son engagement en faveur de l’enseignement de la philosophie dans la voie technologique : dans une démarche d'unité intersyndicale et interassociative elle a signé une nouvelle lettre de revendication adressée à Monsieur le Ministre de l'éducation nationale.

La lettre est ici : Lettre au ministre - Janvier 2023

mardi, décembre 20 2022

Communiqué de la SO.P.PHI : menaces à l’égard de Madame Djigo

Vignette 3La Société des Professeurs de Philosophie apporte son soutien à Sophie Djigo, professeur de philosophie en classe préparatoire au lycée Watteau à Valenciennes. Madame Djigo est victime de cyber harcèlement. Elle est visée par des propos haineux, des insultes odieuses et des menaces de mort pour avoir exercé son métier dans le cadre d’un projet pédagogique consistant à emmener ses élèves d’hypokhâgne à l’Auberge des migrants à Calais. Cette sortie a été annulée « par sécurité », et Madame Djigo bénéficie de la protection à laquelle les fonctionnaires de l’éducation nationale ont droit dans cette situation.

La SO.P.PHI rappelle son attachement indéfectible à la liberté pédagogique de tous les professeurs de philosophie : nul ne saurait être fondé à menacer un enseignant qui œuvre à l’émancipation des esprits dans la République !

jeudi, novembre 24 2022

Communiqué de la SO.P.PHI – La culture philosophique en classes préparatoires : la branloire pérenne de la réforme

PlatonUn bruit se fait entendre dans les couloirs de l’institution scolaire : une réforme des classes préparatoires économiques et commerciales serait à l’ordre du jour. La rumeur est surprenante puisque cette voie de formation est réformée depuis… la rentrée scolaire 2021 ! Les responsables en charge de l’institution ne mollissent donc pas. Sont-ils à ce point insatiables, qu’il leur faudra bientôt une réforme chaque année ?

Certes, la voie des classes préparatoires économiques et commerciales rencontre des problèmes de recrutement, et ces problèmes sont peut-être le signe d’une crise. Toutefois, si l’on envisage le projet de réforme qui serait à l’ordre du jour, on est tout de même surpris. Ce projet, parmi quelques nouveautés, consiste en effet à réduire le volume horaire de la philosophie et de la littérature. Une question, ici : nos réformateurs considèrent-il que les difficultés rencontrées par les classes préparatoires aux grandes Écoles de management s’expliquent par une trop grande importance accordée à la culture générale ? On n’ose croire à un tel mépris à l’égard des élèves. Supprimer des heures de cours consacrées à l’étude de grandes œuvres de l’esprit au bénéfice d’une libre réflexion sur le monde et sa complexité, ce serait pénaliser les élèves, et d’abord les plus fragiles. Ceux qui ont en tête une telle modification de l’équilibre des disciplines, ont-ils conscience qu’en dehors de l’institution scolaire ces éléments de culture échapperont aux élèves les plus démunis ?

« Le monde, écrivait Montaigne, n’est qu’une branloire pérenne. » Mais le monde est le monde. Nos réformateurs devraient se garder de faire de l’École de la République une branloire au détriment de la culture des futurs citoyens.

Le Bureau de la Société des Professeurs de Philosophie

mardi, mai 24 2022

Communiqué : l’exigence d’un authentique enseignement de la Philosophie au lycée

Vignette 1Un nouveau ministre de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse, Monsieur Pap Ndiaye, vient d’être nommé. La Société des Professeurs de Philosophie demande qu’à cette occasion les points des réformes instaurées par le ministre Blanquer qui menacent la présence d’un authentique enseignement de la philosophie dans les lycées de la République soient abandonnés, et que la place de cet enseignement soit consolidée.

1) D’abord, les nouvelles épreuves du CAPES de philosophie sont de nature à mettre en péril notre enseignement. Le programme de la première épreuve écrite d’admission, la composition, n’est plus seulement le programme de notions des classes terminales qui seul, pourtant, constitue le texte de référence concernant l’enseignement de la philosophie au lycée. En ajoutant le programme de spécialité "humanités, littérature et philosophie" du cycle terminal de la voie générale, on abandonne la référence exclusive aux programmes de notions de la voie générale et de la voie technologique. Le résultat ? Ce sujet du CAPES 2022 : « Les maîtres de vérité. » Un tel énoncé n’est pas en phase avec un concours de recrutement de professeurs de philosophie. En reprenant le titre d’un ouvrage de Marcel Détienne, il déroge au principe, bien établi, de la neutralité philosophique des sujets, qui ne se réfèrent directement à aucune doctrine, à aucun auteur ou livre, et il introduit ainsi un critère arbitraire inévitable de sélection entre les candidats qui le savent et peuvent s'en inspirer, et les autres.

Et que dire de la seconde épreuve orale d’admission ? Cette épreuve est dorénavant un entretien avec le jury portant sur « la motivation du candidat et son aptitude à se projeter dans le métier de professeur au sein du service public de l'éducation ». Faut-il encore répéter ce que doit savoir faire tout professeur de philosophie au sein de l’institution scolaire ? Une chose essentielle : poser un problème et instruire ce problème d’une façon élémentaire afin que tous les élèves, même les plus fragiles, puissent acquérir une culture philosophique initiale. Tout le reste n’est que poudre aux yeux et faux-semblant.

2) Ensuite, la spécialité "Humanité, littérature et philosophie" elle-même n’est pas en accord avec le travail authentiquement philosophique qui doit être accompli au lycée. Cette spécialité entretient d’ailleurs le préjugé selon lequel la philosophie serait plus en phase avec les lettres qu’avec les sciences, ce qui est un contresens au regard de la nature du questionnement philosophique. Les moyens mobilisés pour cette spécialité doivent être mis exclusivement au service de l’enseignement de la philosophie. La SO.P.PHI réclame donc un tronc commun de 5h, et une spécialité d’approfondissement de 3h avec un programme d’œuvres en petit nombre, et une explication de texte comme épreuve terminale. 


Elle réaffirme ainsi la position qu’elle a défendue le 5 décembre 2017 devant la commission MATHIOT et que l’on retrouve dans le Rapport de cette commission où l’on peut lire : « La place de la philosophie est particulière au vu de son double statut de discipline élémentaire - au sens d'une discipline dont le premier niveau d'enseignement est proposé en terminale - en terminale et de son statut d'épreuve universelle parmi les épreuves terminales du baccalauréat... Elle implique que, dans des conditions comparables à la situation actuelle, un enseignement de philosophie soit proposé à tous les élèves de terminale dans des conditions horaires adaptées au statut d'épreuve universelle… Il conviendra aussi de prévoir que la philosophie, dès lors qu'elle garderait sa spécificité d'enseignement commençant en terminale, puisse intégrer plusieurs Majeures et être proposée en Mineure pour un volume horaire total permettant aux élèves intéressés de se former de façon solide. »

La création d’un enseignement de philosophie sur deux années dans le supérieur, et pas seulement dans la voie littéraire, sur le modèle de ce qui existe déjà en CPGE serait en accord avec ce principe. Il s’agirait d’un enseignement s’inscrivant dans la continuité du travail accompli en terminale. Le programme devra être un nouveau programme de notions élémentaires en petit nombre. L’évaluation devra rester la dissertation ou l’explication de texte.

3) Il faut enfin que soit augmenté le poids de la philosophie dans le baccalauréat (actuellement 8%) conformément à ce ce que demandait le Rapport MATHIOT : « Nous proposons que le poids de la philosophie dans le total du baccalauréat soit de 10 % pour tous les candidats. »

mercredi, février 23 2022

Communiqué : la laïcité dans les programmes de philosophie

Platon_Aristote.jpgAu moment où la présidence du Conseil Supérieur des Programmes est renouvelée, la Société des Professeurs de Philosophie rappelle sa position relativement au caractère essentiellement laïc des programmes de philosophique dans les lycées de la République.

Les professeurs de philosophie sont concernés au premier chef par la question de la laïcité pour cette raison que « La religion » figure au programme du baccalauréat. Plus profondément, la classe de philosophie se distingue en cela que « la religion » n’y est pas traitée comme un « fait » culturel ou historique mais comme une notion. Or une notion philosophique se définit non par un contenu positif, mais par un champ de problèmes déterminés qui lui est inhérent. Qu’est-ce donc que « la religion » (et non pas telle ou telle religion positive ou factuelle), quel rapport au monde, aux autres et à soi, exprime-t-elle ? Tel est fondamentalement le problème élémentaire que pose la notion de religion pour le regard philosophique, et ce non à quelques spécialistes, ou à quelques communautés particulières, mais à tous, à tout élève doté d’une égale et libre capacité de penser par soi-même.

Les professeurs de philosophie lisent l’Euthyphron, ce dialogue de Platon sur la piété, dans lequel Socrate fait usage de sa liberté de penser et de s’exprimer pour conclure à la nature irrémédiablement interrogative de toute science en matière de religions. La pertinence d’une telle lecture, en matière de laïcité et de libre construction de soi, est double : on y trouve d’une part le portrait d’un véritable fanatique, tellement persuadé d’avoir la science de dieu et de ce qu’il veut qu’il est prêt, au nom de son prétendu savoir, à tuer tous ceux qui lui paraissent impies, à commencer par son propre père. La seconde leçon essentielle de l’Euthyphron est que la question de notre rapport au « divin » qui est par définition un problème puisque, à moins de sombrer dans l’anthropomorphisme, on entend par là autre chose que l’humain, est une question qui s’adresse à tous, à pied d’égalité, et non aux seuls spécialistes de tel ou tel culte particulier, encore moins aux serviteurs d’une religion d’État. C’est pour avoir posé ce problème de l’usage abusif, voire criminel d’un faux absolu religieux, « absolu » relatif en réalité à tel ou tel groupe particulier, que Socrate, accusé d’impiété, a été condamné à mort.

Ce n’est pas seulement par le rapport qu’elle entretient à la notion de religion que la philosophie occupe une position centrale dans l’institution scolaire républicaine. Les autres notions des programmes de la voie générale et de la voie technologique (la vérité, la liberté, la nature, la justice…) soulèvent directement ou indirectement des problèmes qui engagent la notion de religion. Mais c’est en vérité l’enseignement philosophique en tant que tel qui est un pilier de l’école laïque puisque son objet est d’œuvrer à l’émancipation de la raison par l’usage réfléchi du jugement, pour lequel aucun donné ne peut prétendre à l’absolu ni faire l’économie de l’examen critique. En cela, la philosophie prend une part irremplaçable dans le droit de chaque citoyen en construction à s’instituer comme l’auteur d’une pensée libre, affranchie du joug des héritages. Il ne s’agit bien sûr aucunement de combattre quelque religion que ce soit, mais tout simplement de mettre les élèves en situation de pouvoir adopter en pleine conscience et en toute liberté une religion comme de n’en adopter aucune. Le professeur de philosophie est un instituteur de cette liberté qui est ce commun sans lequel il ne peut y avoir de peuple véritable. Il s'agit de faire d'individus que leurs différences divisent des citoyens que les valeurs de la République rassemblent !

Affranchir des origines reçues pour ouvrir l'espace d'une existence choisie, tel est donc le beau métier que les membres de la Société des Professeurs de Philosophie assument et revendiquent. Pour cette raison, ils seront attentifs à ce que le CSP reste toujours vigilant au strict respect de ce qu’exige un authentique enseignement philosophique dans les lycées de la République : un enseignement laïc.

lundi, février 7 2022

Communiqué : Madame Souâd Ayada quitte la présidence du Conseil Supérieur des Programmes

Vignette 3Nommée à la tête du nouvel Institut Français d'Islamologie, Madame Souâd Ayada quitte la présidence du Conseil Supérieur des Programmes et donc le ministère de l’éducation nationale, pour rejoindre le ministère de l’enseignement supérieur. La Société des Professeurs de Philosophie rend hommage au travail qu’elle a accompli ces dernières années au service de l’école de la République en général, et en particulier de l’enseignement de la philosophie, d’abord au poste de Doyen du Groupe philosophie de l’inspection générale, puis en tant que Présidente du CSP, responsable de la définition des programmes et des épreuves de philosophie au baccalauréat.

Au moment où la présidence du CSP va être renouvelée, la SO.P.PHI rappelle son attachement à ces deux éléments essentiels à tout enseignement de la philosophie dans l’École de la République : 1) Un programme de notions élémentaires ; 2) Une évaluation nationale du travail accompli pendant l’année scolaire.

1) La SO.P.PHI est parfaitement en phase avec les nouveaux programmes de philosophie puisqu’ils réaffirment avec clarté le principe de la liberté pédagogique. Concentrés sur l’essentiel, à savoir sur les contenus qui doivent être enseignés, ces programmes ainsi quintessenciés se dispensent de toute injonction sur les façons d’enseigner. La SO.P.PHI revendique la « neutralité pédagogique » affirmée par le Rapport d’activité 2016-2019 du CSP. Cette reconnaissance de la liberté, partant de la responsabilité du professeur, se retrouve directement dans la liste alphabétique de notions des programmes de la voie générale et de la voie technologique, dont le traitement requiert que chaque professeur se saisisse en première personne de la question de l’ordre et de l’unité de son cours. Les élèves se forment ainsi eux-mêmes à penser par eux-mêmes en participant à une pensée en train de se faire dans la classe en plein exercice de son autorité philosophique. Il n’y a pas de philosophie officielle dans les lycées de la République !

2) Un enseignement républicain de la philosophie au lycée impose une épreuve terminale et nationale au baccalauréat. Comment, en effet, garantir autrement cet enseignement de toute dérive et pression locales qui mettraient en péril sa nécessaire neutralité ? Les nouveaux programmes précisent que « les apprentissages reposent (...) sur deux formes majeures de composition : l'explication de texte et la dissertation ». La SO.P.PHI est également en phase avec ce constat. Ces deux exercices ont en commun de permettre à l’élève de mobiliser la compétence acquise au terme de sa formation : à partir d’une question simple ou d’un texte court, poser un problème élémentaire en liaison avec le programme de notions, et proposer méthodiquement des éléments d’instruction de ce problème. Ce point est essentiel. Toute modification des sujets d’examen, à l’image du sujet-texte introduit dans la voie technologique, ne pourrait que compliquer les choses pour les lycéens.

La SO.P.PHI se reconnaît donc dans l’esprit républicain qui a animé le CSP ces dernières années. Comme toujours, elle reste ouverte aux évolutions favorables aux élèves, sans oublier les plus fragiles d’entre eux. Pour cette raison, elle rappellera sa proposition concernant la nécessité, pour la philosophie, d’un lien étroit entre la terminale et le supérieur, principe de leur enrichissement réciproque : dans la continuité de la terminale, et donc sur la base d’un programme de notions, la création d'un enseignement de philosophie sur deux années après l’examen national du baccalauréat, en l'étendant aux autres filières du supérieur, pour ne plus le réserver aux seules CPGE ou au cursus universitaire de philosophie.

mardi, octobre 12 2021

Communiqué : le ministère poursuit la « déconstruction » du baccalauréat

Vignette 1Décidément, nos réformateurs sont infatigables ! Ils ont bouleversé l’organisation du baccalauréat en supprimant la plupart des épreuves terminales au profit d’un contrôle continu. Évidemment, ils ont ainsi créé un vrai problème : comment une évaluation locale des élèves peut-elle garantir le caractère national du baccalauréat ? Mais ils ne mollissent pas. Dans la Note de service du 28 juillet 2021, le ministère demande aux professeurs de conduire « une réflexion au sein de chaque établissement, avec l’appui des inspecteurs d’académie-inspecteurs pédagogiques régionaux référents, afin de définir un projet d’évaluation». En d’autres termes, il s’agit de retirer aux professeurs la responsabilité de l’évaluation de leurs élèves. Pourtant, un tel carcan ne rétablira pas l’égalité des candidats que garantissent des épreuves nationales.

La SO.P.PHI juge très sévèrement une réforme qui, de proche en proche, conduit à altérer en profondeur le métier de professeur au détriment de l’égalité à laquelle tous les élèves ont droit. En tous les cas, elle rappelle que l’épreuve de philosophie est, notamment grâce à son intervention, demeurée une épreuve écrite nationale, et que, pour cette raison, le professeur de philosophie, en tant qu’il enseigne dans le tronc commun, n’est pas concerné par la Note de service du 28 juillet 2021. Elle s’étonne donc de lire dans une note du Guide de l’évaluation, publié en septembre 2021 (page 7), que la philosophie est concernée par le projet d’évaluation. Cette note est sans fondement juridique. Ne faudrait-il pas que nos réformateurs soient au moins attentifs aux textes réglementaires qu’ils ont eux-mêmes rédigés ?

La note de service du 28 juillet 2021

Le guide de l’évaluation

dimanche, juillet 4 2021

Communiqué de la SO.P.PHI sur la réforme du baccalauréat : un bilan globalement négatif !

Vignette 3Au terme de l’année scolaire qui s’achève, et après le fiasco de la correction de l’épreuve de philosophie, un bilan de la réforme du baccalauréat doit être effectué. La Société des Professeurs de Philosophie considère que cette réforme a été menée au détriment de la culture à laquelle les lycéens ont droit dans l’École de la République.

1– La spécialité « Humanité, littérature et philosophie » n’est pas en phase avec le travail authentiquement philosophique qui doit être accompli au lycée. D’ailleurs, cet enseignement para-philosophique entretient chez les élèves le préjugé selon lequel la philosophie serait plus en phase avec les lettres qu’avec les sciences, ce qui est un contresens au regard de la nature du questionnement philosophique. Pour cette raison, la SO.P.PHI réclame que les moyens de cette spécialité soient dévolus à un enseignement d’approfondissement en philosophie proposé aux élèves des classes terminales de la voie générale.

2– L’introduction du « grand oral » comme épreuve ayant plus de « poids » dans le baccalauréat nouvelle formule, que l’épreuve écrite de quatre heures de philosophie est une aberration. Une épreuve sans contenu disciplinaire véritable ouvre la voie d’une vaine rhétorique ou d’un bavardage sans substance, là où les lycéens ont besoin au contraire d’une authentique culture de l’esprit. Il faut que le ministère envisage de remettre les choses en place : un écrit portant sur un programme national de philosophie doit être plus déterminant dans l’évaluation terminale de la formation des élèves qu’un oral sans consistance qui n’a de « grandeur » que le nom.

3– Le dédain dont fait preuve la réforme du baccalauréat à l’égard de la philosophie comme discipline républicaine enseignée dans les lycées se retrouve évidemment dans la réforme du CAPES de Philosophie qui sera appliquée en 2022. On y a introduit une épreuve orale d’admission consistant en un entretien avec le jury portant sur « la motivation du candidat et son aptitude à se projeter dans le métier de professeur au sein du service public de l'éducation ». Faut-il encore répéter ce que doit savoir faire tout professeur de philosophie au sein de l’institution scolaire ? Une chose essentielle : poser un problème et instruire ce problème d’une façon élémentaire afin que tous les élèves, même les plus fragiles, puissent acquérir une culture philosophique initiale. C’est seulement le respect des programmes de philosophie de la voie technologique et de la voie générale qui sont déterminants à cet égard. Tout le reste n’est que poudre aux yeux et faux-semblant.

La SO.P.PHI le dit encore une fois : il faut que le ministère se ressaisisse et qu’il prenne conscience que le mépris de la philosophie comme discipline ayant un programme est en fait un mépris à l’égard des élèves eux-mêmes.

mardi, juin 22 2021

Communiqué de la SO.P.PHI : l’épreuve de philosophie au baccalauréat 2021 ou le mépris de la République

Vignette 1Il est plus que temps que le Ministère se rende à l’évidence : les conditions de l’épreuve de philosophie du baccalauréat de cette session 2021 ne sont pas remplies. Du côté des élèves d’abord, certains ont eu une année de cours cependant que d’autres ont vu leur année amputée de moitié, le Ministère ayant autorisé les chefs d’établissement à décider au cas par cas du taux de cours.

La décision du Ministère de conserver la note de contrôle continu si elle est meilleure que celle de l’épreuve écrite, loin de régler ce problème, a vidé cette dernière de son sens pour nombre de lycéens, incitant certains à livrer des copies contenant des propos interpellant le correcteur, le narguant, parfois même l’insultant. En faisant de l’épreuve de philosophique censée couronner le baccalauréat un exercice facultatif, le ministère a exposé le travail des correcteurs au mépris.

La Société des Professeurs de Philosophie est indignée par cette situation. Elle demande aux responsables de l’éducation nationale de se ressaisir et de cesser de mépriser les professeurs de philosophie qui sont au service d’une École authentiquement républicaine ! 

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